[...]
C'était fou, en moins d'une heure, nous nous étions retrouvés dans la ville, nos sacs sur le dos, ayant pris soin d'emballer nos téléphones dans des sacs plastiques.
Pour l'instant, notre absence ne s'était pas remarquée, mais il est certain que des voitures vont venir nous chercher d'une minute à l'autre.
Alors, pour l'instant que nous ne sommes pas alarmés, nous ne courrons pas, comme si on voulait économiser notre souffle pour plus tard.
Aucun de nous ne parle, le silence est plat, me laissant seule avec mes pensées.
Je réalise seulement maintenant que nous sommes près du but, nous sommes finalement bel et bien entrés au Canada. Je commence à me demander si cet accident n'était pas finalement bénéfique. De toute manière, c'est du passé, et personne n'a gravement été blessé.
Quoique Lenni boite pratiquement et tout le monde s'inquiète pour Méredy, bien qu'elle nous assure qu'elle va "très bien, ne vous inquiétez pas".
Un vent frais nous fouette le visage tandis que nous avançons entre les petites allées de maisons désertées pour nous faire le plus discret possible.
La végétation est surprenante, partout autour de nous, il n'y a que des pins et des érables, peut-être vingt fois plus que de maison.
Lenni ouvre la marche, suivit de près par moi, Méredy et enfin Ron.
Seul le vent semble être assez courageux pour briser le silence, même nos chaussures ne grincent pas sur les graviers. Alors évidemment, quand les deux voitures arrivent, nous les entendons.
Rapidement, nous nous cachons derrière une maison, la dernière que je puisse voir, après il n'y a que des arbres sur les côtés de la route à perte de vue.
Le souffle saccadé, les yeux fermés, je n'ose plus faire un mouvement, comme si la mort avait remarqué mon absence et c'était mise à me chercher jusque dans les ténèbres.
Le bruit s'éloigna, mes yeux se rouvrirent et mon visage se tourna vers Lenni.
- elle mène à la rivière, cette route ? Demandais-je en priant pour qu'il désaccorde.
- oui... Soupire-t-il.
Je soupire à mon tour, s'ils nous trouvent, il faudra tout recommencer à zéro.
- ce n'est peut-être pas eux. Tente Méredy.
Je me tourne vers elle, nous n'avons eu qu'un moment de précipitation, mais elle parait déjà faible. Ses pommettes parsemées de taches de rousseur sont teintées de rose. Ses yeux noisette pétillent comme ils l'ont toujours fait.
- toute la province a été évacuée, ça ne peut être qu'eux, dis-je avant de me retourner vers Lenni. Il n'y a pas d'autres chemins ?
- à ma connaissance, on pourrait contourner la rivière, mais ça nous prendrait une semaine voir plus de marche. Répond-t-il
Je fais la moue, pourquoi n'existait-il que ce moyen ? C'était beaucoup trop risqué, si on se faisait attraper et jeter dehors ? La frontière serait encore plus protégée qu'elle ne l'est déjà. Et il serait impossible de rentrer à nouveau.
- on ne peut pas faire ça... Murmurais-je à l'intention de mon meilleur ami.
- écoute Beth, j'ai trouvé une solution alors si tu veux tes réponses, c'est maintenant qu'il faut te décider. On y va maintenant avec tous les risques, ou dans une semaine et ce n'est pas garanti sans risque non plus.
Il plonge ses yeux dans les miens, leurs teintes foncées me perturbent et m'obligent à détourner le regard. Je l'oriente vers Méredy en l'interrogeant du regard, après tout, elle aussi veut des réponses.
Elle semble réfléchir un instant avant de décréter, sur un ton désolé :
- j'ai trop attendu pour attendre une semaine de plus.
Je souris nerveusement, mais hoche tout de même la tête.
- on y va. Fis-je.▪️▪️▪️
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La dernière.
Science FictionEt si un jour, sans aucune raison, les filles du monde entier disparaissaient ? Et si un jour, l'humanité entière serait devenue entièrement vouée à la discontinuation de son existence ? « Je n'ai pas disparu » Beth, une jeune fille de 16 ans qui a...