Chap 71 : vie

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[...]
- et bien, il n'y a pas grand chose à savoir sur moi, susurre Méredy d'une voix gênée.

Les regards persistèrent, Ron, conduisant les yeux sur la route, eut un sourire moqueur.

- je suis née le 16 avril 2001, reprit-elle comme si elle récitait une biographie, j'ai donc 15 ans dans un peu plus d'un mois. J'ai... Soupire-t-elle en semblant chercher des anecdotes importantes de sa vie. J'ai eu de nombreux problèmes cardiaques à mes 7 ans, j'ai hérité de cette aventure un appareil cardio-vasculaire que j'ai encore aujourd'hui...

Elle s'arrêta comme si elle redoutait une quelconque réaction de notre part, ce qui fut mon cas.

- pourquoi tu ne me l'avais pas dit ? Ça peut être dangereux pour toi ici ! M'insurgeais-je

Elle se retourna sur son siège et plongea ses grands yeux noisette dans les miens en souriant faiblement.

- exactement, c'est exactement pour ça que je ne te l'ai pas dit, que je ne le dit à personne. Parce que tout le monde aura finalement peur ou pire, pitié de moi. Et je veux simplement qu'on me traite comme une personne normale. Parce que je vais bien, je vais bien et peut-être que ça va changer un jour, mais pourquoi tout le monde y pense ? Aujourd'hui, je vais bien, et demain, j'irais peut-être aussi bien, ou peut-être pas. Je me suis trop inquiété moi-même pour encore penser à demain tout le temps.

Elle avait prononcé ces mots d'une telle manière, d'une telle douceur que je m'en demandais quel effet ils auraient eu si elle les avait prononcés méchamment. Elle se retourna face au pare-brise en laissant une trace de silence profond comme une éternité.

- je suis désolée Méredy, oublie ce que j'ai dit. Susurrais-je

Personne n'en reparla, et nous nous embarquions dans une discussion déjantée. Ce genre de discussion improbable qui arrive on-ne-sait-comment, mais dont tout le monde à quelque chose à dire. Ce genre de discussion qu'on a avec nos amis et qui pourrait durer éternellement.

La nuit était lourdement tombée, les ténèbres engloutissaient le ciel tout entier, laissant, haut et imposant dans le ciel, la lune, comme le chef de toute cette noirceur.
Ron se gara sur un bas-côté terreux de la route. Nous nous rapprochons de Eastport sur la 95, des grandes falaises rocheuses descendaient à partir de la route, protégée par les barrières grises réfléchissantes.
Je m'étais couchée sur la banquette en biais par rapport au sol, faute de place maintenant que Lenni nous accompagnait. Accompagnée de mon insomnie habituelle, mes écouteurs étaient enfoncés dans mes oreilles comme une pelle dans un champ. Someone purer chantait dans mes oreilles, me faisant battre le rythme du pied. Je regardais les quelques étoiles dans l'obscurité de la nuit, une pluie fine tombait, en se tordant avec ardeur sous la pression du vent.
Un éclat de lumière jaillit précipitamment, si vite que j'en sursautais, puis il s'éteignit dans une nano-seconde suivante. Puis j'entendis au loin un grondement bruyant, d'autres éclats de lumières jaillirent çà et là, comme si nous avions besoin par-dessus tout d'une foudre en pleine nuit.
Malgré le bruit, je demeurais la seule réveillée, les éclairs dessinés dans le ciel comme de brusques fissures temporelles me berçaient. La foudre m'effrayait toujours un peu, mais cette fois, je ne voyais plus qu'un énième œuvre d'art de Mère Nature. Les fissures se dessinaient, blanches, mauves, jaunes, épaisses, fines, près ou loin de la voiture. Elles étaient toutes différentes mais si belles qu'elles m'ont bercées pour une partie de ma soirée avant de complètement m'endormir.
▪️▪️▪️
Ps: désolée de ne pas être très active sur mes chapitres en ce moment, j'ai 12 000 choses à faire, pis, c'est mon anniversaire aujourd'hui (29 mai) 😂💖💖

La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant