Chap 67 : culpabilité

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[...]

Je restais là, dehors, adossée au flan de la voiture en regardant l'extérieur d'un air nostalgique. Dans mes écouteurs, 4th and roebling battait son plein.
Mon doigt battait au rythme de la chanson sur le haut de mon portable, le son au plus haut volume.
Je n'en entendais même pas la portière s'ouvrir, si bien que lorsque je perçue du mouvement à ma droite, je sursautais en voyant Ron.
Celui-ci sourit devant ma stupeur en passant sa main dans ses cheveux emmêlés. Il s'approcha et m'arracha un écouteur avant de l'enfourcher dans son oreille.

- living lives in two places wear my soul too thin ... Chantonne-t-il

- depuis quand tu écoute tu rock toi ? Riais-je

- surement plus longtemps que toi. S'obstine-t-il

- ça m'étonnerais.

Je lui poussais l'épaule et il ria avant de m'embrasser le front.

- tu as bien dormis ? Il demande.

- oui, j'ai eue Len' au téléphone.

Il se pinça les lèvres puis sourit maladroitement.

- tu t'en veut de ne rien lui avoir dit ?

- oui... Et lui aussi apparement. Maugréais-je

Il poussa un soupir de découragement, il baissait la tête alors qu'un oiseau se mit à chanter bruyamment.

- on devrait lui dire de venir non ? Balbutia-il

- j'en sais rien, j'ai peur pour lui...

- Beth, on est tous en danger ici, alors avec ou sans lui, tu auras peur.

Il me fixait de ses yeux décolorés, le bleu brillait, tandis que le brun restait terne et monochrome. Il avait raison en un sens, je m'inquiéterais pour lui même s'il reste à JundHill et je m'inquiète pour Ron et Méredy tant que nous serions ici. Je m'inquiéterais toujours pour tout le monde, alors si Lenni vient peut-être serais-je même plus rassurée de l'avoir à mes côtés.

- et c'est un grand garçon, je ne pense pas qu'il est besoin de toi pour le protégé de quoique se soit. Ajoute Ron toujours en fixant mes yeux qui doivent se remplir d'un air de peur.

Je hochais légèrement la tête en laissant en sourire passionné se fendre sur mes lèvres.
D'un geste familier, je stoppais la musique sur mon téléphone qui s'évadait encore de mes écouteurs.
Au même moment, Méredy sortait de la voiture dans un claquement de portière.

- salut les amoureux ! S'exclame la petite brune.

Nous la saluons et elle vient nous rejoindre en s'adossant à la voiture à côté de moi. Après avoir parlé quelques minutes, nous décidons de reprendre la route en direction de Bonners Ferry.
Nous embarquons alors dans notre voiture volée et je me scotche à la fenêtre en regardant le paysage défiler sous mes yeux.
Lenni occupe mes pensées, j'ai peur qu'il ne m'en veuille plus que je ne le pense, j'ai peur qu'il ne veuille plus me parler alors que j'avais pensé bien faire en ne lui disant rien.
Beautiful and lost vaguait dans mes oreilles tel un nuage avant une forte pluie.
J'avais mal au ventre, et après réflexion, je me rappelais que je n'avais rien mangé depuis hier soir. J'étais affamée, et également assoiffée.

- on s'arrête dans une supérette ? Demande Ron comme s'il avait lu dans mes pensées.

Sa proposition fut acclamée, et quelques minutes plus tard, il se gara tant bien que mal sur un parking déserté de supérette.
Bien que l'entière population eût quitté son domicile, les propriétaires n'avaient pas oublié de fermer les portes avec la lourde grille de métal.
Ron dû me faire la courte-échelle pour que je puisse passer par le toit et ainsi entrer. Je réussis à me glisser dans le magasin, sombre et bientôt poussiéreux.
Je trouvais la porte où Ron et Méredy patientaient de l'autre côté.
Le petit boitier gris à gauche des portes semblait me crier de l'ouvrir et d'enclencher l'ouverture de la grille, ce que je fis sans plus attendre.
Lorsque le soleil pénétra enfin dans le magasin, je lâchais un soupir de soulagement de ne plus être dans cette pénombre horripilante.

Je voyais alors Ron et Méredy derrière les portes de verres que j'ouvris d'un coup de pied.

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La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant