Chap 98 : barricade

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[...]

Lorsque je me suis réveillée, un rayon de soleil me chatouillait le visage et ma peau était brûlante. Une chaleur accablante bouillonnait la chambre entière, je tentais désespérément de m'extirper de l'épaisse couverture. Le bras de Ron renfermé sur mon ventre me retient bloquée contre lui, je me dégage de son étreinte en soulevant son bras et je peux sortir de ce lit bouillonnant.
J'attrape mon portable, il indique 9:43 a.m. Je sors de la chambre et entre au salon, j'y trouve Méredy assise sur le canapé où elle a certainement dormi. Elle observe Lenni qui dort sur l'autre canapé contre le mur.

- hey, dis-je en entrant. Je m'assois sur l'accoudoir de canapé où elle est assise.

- salut Elisabeth, comment ça va avec Ron ?

L'entente de mon nom complet me fait bizarre, Méredy ne m'a jamais appelée comme ça, ce qui m'arrache un sourire.

- oh, on a parlé toute la soirée et une bonne partie de la nuit, je ne lui en veux pas du tout.

Elle sourit, ses pommettes rebondissent et elle jette un dernier coup d'œil à Lenni. Je le regarde en même temps qu'elle, ses cheveux blonds partent dans tous les sens, une de ses mains pend dans le vide tandis que l'autre est recroquevillée contre son torse, ornée de son épaisse bague noire. Évidemment, j'ai remarqué comment Méredy le regarde, la manière dont elle lui parle, mais je ne dis rien puisque Lenni est du genre à faire semblant de dormir.

- eh bien, tout est bien qui finit bien. Dit-elle, elle repousse une mèche ondulée derrière son oreille et me regarde à nouveau. Tu as un plan pour tout à l'heure ?

Sa question me prend au dépourvue, je n'avais pas même réalisé que c'était aujourd'hui qu'on allait au portail.

- eh bien, je n'y ai pas vraiment pensé, mais je suppose qu'il vaudrait mieux attendre de voir la situation avant d'avoir un plan.

Elle acquiesce et le temps s'effile et s'affole, les heures paraissent des nano-secondes, et je me retrouve au dos de la maison, le sac sur les épaules, le vent dans les cheveux.
Comme je le pensais, le portail est derrière le pâté de maisons comportant celle où l'on s'est installés. Il nous suffit de nous retourner et de se pencher prudemment pour apercevoir un grillage de fer gris haut de trois mètres au moins dont la seule entrée est une porte de fer verrouillée, et à l'intérieur du grillage, le portail. Nous avons tous été étonnés de ne voir qu'un policier à la garde du grillage. Mais il faut être vraiment stupide pour venir voir ce portail, alors j'imagine que les risques d'intrusions sont faibles. Je me retourne et m'adosse au mur en soupirant :

- évidemment que le portail est surveillé, pourquoi je n'y ai pas réfléchi ! On a aucune chance d'y aller.

- si Beth, on est quatre et il est seul, dans tous les cas, on a le dessus. Informe Ron.

- il a une arme, lui. Je renchéris.

- et les clés de la porte, fit Méredy qui observe le policier en se penchant derrière le mur.

Le silence s'installe, seul le vent profère un minimum de son. Je ferme les yeux et cherche une solution dans le noir. Au bout d'un instant, on entend Lenni soupirer.

- Méredy, dit-il.

J'ouvre les yeux et le vois adresser un regard à Méredy, comme lorsque Ron et moi communiquons par simple regard. Elle semble réfléchir un instant, puis lâche un "bien". Elle fait tomber son sac sur son avant-bras et se met à fouiller dedans. Après quelques instant, elle sort un chiffon qui renferme quelque chose, elle le déballe et dévoile un revolver.
Je pousse un petit cri, la dernière fois que j'en ai vu un, je me suis pris une balle, et encore avant, j'ai tué mon père avec. J'avale ma salive et demande :

- où est-ce que tu as trouvé ça ?

- je... Je l'ai pris avant de prendre le train où l'on s'est rencontrée.

Le silence tente de s'imposer un moment, mais la voix de Ron l'en empêche :

- alors j'ai un plan.

On le regarde tous, attendant une explication, mais avant cela, il poursuit :

- mais seulement un d'entre nous pourra aller au portail, et je suppose que tout le monde est d'accord pour dire que Beth est celle qui a le plus de raisons d'y aller.

Méredy et Lenni approuvent, quant à moi, j'appréhende ce qu'il va nous dire.

- Méredy, le flingue, dit-il, et elle le lui pose dans la main. Il faudrait quelqu'un qui fasse une diversion.

- alors ça sera moi, fit Méredy.

- super, donc ensuite, je m'approche de lui avec l'arme, et...

- et je prends ses clés pour les donner à Beth qui ira au portail. Finit Lenni, c'est super.

- non, ce n'est pas super, il risque de se défendre et de tirer sur l'un d'entre vous ! M'indignais-je, vous n'allez tout de même pas risquer votre vie pour que j'aille au portail !

- il ne tirera sur personne, il saura que s'il tire, je tire aussi, fais-moi confiance. Fit Ron.

J'ai confiance, bien-sûre, mais j'ai peur.

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La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant