Chap 81 : fatigue

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[...]

J'eus un mouvement de recul et fermais les yeux une seconde, pendant que sur la vidéo, le bras tombait lamentablement au sol. L'homme criait, ne semblait pas avoir si mal que ça en avait l'air, surement grâce à la drogue qu'il avait certainement pris avant la vidéo.
Je descendais du rebord de la fenêtre, incapable de détourner mes yeux de la vidéo. Le sang avait teint son débardeur en rouge, un grand malaise montait en moi, je me sentais défaillir, lorsque l'homme se tourna de profil pour se plier en deux de douleur. On voyait alors nettement son second bras, finalement, le seul qui lui restait, et mon cœur rata un battement lorsque je vis le tatouage sur son épaule gauche, où il ne devrait pas se trouver.
Incapable d'en voir plus, je jetais pratiquement mon téléphone sur le rebord de la fenêtre et respirai un grand coup. Un mal-être me prenait, je fis un pas dans la direction opposée de la fenêtre, puis un autre, et sans pouvoir me retenir, je me pliais en deux et vomis tout ce que je pue. La bile me brûlait l'œsophage, un goût amer envahissait ma bouche, je crachais, cherchant à me débarrasser de ce mal-être.
Ma cigarette toujours dans les doigts, je lui jetais un coup d'œil avant de l'écraser contre le mur. Je me relevais en respirant à grandes bouffées, prit mon téléphone en commençant à rentrer.
Sur le chemin de ma chambre, je m'arrêtais dans le couloir, le trop-plein de questions dans ma tête m'empêchait de fonctionner.
Mais qui était cet homme ? Était-il fou ? Est-ce que c'était prévu ? Et surtout, était-ce un canular ou avait-il vraiment le tatouage qui était apparu sur son second bras ?
Je ne pouvais m'en empêcher, je rallumais mon téléphone à la recherche de réponses constructives. En seulement quelques minutes, je trouvais une publication beaucoup plus agrémentée que la première. Je le lus en un dixième de seconde, apparemment, c'était vrai. De toute manière, personne ne serait assez stupide pour faire ce genre de blague, même drogué.
Je n'avais donc pas tant de peine à y croire, le tatouage était réellement apparu sur son bras. Bien que finalement, j'étais toujours aussi choquée.
L'homme était un genre de rebelle, qui voulait seulement se battre, tout comme moi. Il a jugé bon de se couper le bras si cela pouvait faire disparaitre son tatouage. Il a malheureusement échoué, puisqu'il se retrouve avec le même sur l'autre épaule. Comment pourrais-je dormir après avoir vu ça ? Le goût de la bile était encore présent dans ma bouche, il fallait vraiment que je boive.
Je me souvins de cette pièce où j'étais partie avec Ron, il y avait bien de l'eau. Je me mis à parcourir les couloirs en quête de cette pièce qui me sauverait d'au moins un problème pour le moment. Au fond du couloir, comme elle l'avait toujours été, je la trouvai. En entrant, je me dirige aussitôt vers le lavabo, et bu longuement jusqu'à ce que cet immonde goût soit partit au mieux qu'il pouvait.
Ma tête me tournait, des vifs éclairs de souvenirs de la vidéo me remontaient. Je faillis tomber, si je ne m'étais pas raccrochée à la couchette derrière moi.
Il faut que je dorme. Le problème, c'est que je pourrais rester éveillée pendant 8 jours entiers avec ses souvenirs dans la tête.
Il faut que je dorme.
Impossible de fermer les yeux sans revoir cet homme et ce sang.
Une idée aussi géniale que stupide me vient à l'esprit -aussi tourmenté soit-il-, et j'étais trop faible pour remettre quoique se soit en question.
Des somnifères. Des somnifères. J'en prenais, plus petite, ils détruisaient mes journées, puisque je dormais jusqu'à 16h.
Je regardais l'armoire derrière moi, son contour en bois blanc, ses portes en verre opaque.
Je me levais et ouvrais les portes, des boites de médicaments par centaines peut-être. Ça me rappelait trop le jour de ma mort. Je parcourais toutes les inscriptions sur les boites, et je finis par trouver ces fameux somnifères.

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La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant