[...]
Après quelques secondes dans les bras l'un de l'autre, nous nous détachons et je lui fis face.
- comment tu t'es fait ça ? Demande Ron en fixant mon front.
- le siège de devant m'a brûlée quand j'ai basculé, il eut un rire crispé, pourquoi tu rigoles ? Continuais-je en souriant moi-même contre mon gré.
Je serrais la serviette mouillée dans ma main et la passai rapidement sur mon front.
- tu seras toujours abîmée. Lâche-t-il dans un soupir, le sourire encore aux lèvres.
- comment ça ?
- la première fois que je t'ai vu, tu avais la lèvre entaillée, juste ici.
Il effleure du bout des doigts le coin de ma lèvre, où gît une minuscule cicatrice. Si mes souvenirs sont bons, c'était le jour de la disparition, et mon père m'avait mis une bonne claque. C'est bien la dernière chose qu'il me reste de lui.
J'allais informer Ron sur l'origine de cette entaille, mais je me retins, ne voulant pas mettre plus de mauvaise ambiance qu'il y en a déjà, surtout que Ron est la seule personne à m'avoir vu tuer mon père.
Son pouce restait en suspend sur ma lèvre inférieure, ce qui m'arrachait un sourire, son contact me rassurait, me faisait presque oublier Méredy.
Je repensais à notre premier baiser, un baiser qui m'avait rassurée, après une dispute avec Lenni. Le second était avant sa mort, un baiser d'adieu, le troisième était quand je suis à mon tour revenue à la vie, un baiser de joie, le quatrième était à la gare de JundHill, un baiser d'au revoir, enfin, le dernier était à la gare de Sand Point, un baiser de retrouvailles.
En prenant du recul, nous n'avons jamais vraiment échangé de baiser amoureux, ce qui est compréhensible étant donné les circonstances dans lesquelles nous nous sommes rencontrés.
Je fixais les yeux de Ron, m'apercevant pour la première fois que son œil brun était si foncé que sa pupille était presque invisible. Son pouce était toujours accroché à ma lèvre, il me regardait avec compassion. D'un trait, je retirais sa main et lui envoyai un rapide baiser sur le coin des lèvres. Un baiser insignifiant, rapide et surpris.
- pourquoi tu m'as embrassée ? Fit Ron surpris.
- j'ai besoin d'une raison ? Maugréais-je, indifférente.
En vérité, oui, j'avais besoin de sentir son amour, de sentir ses lèvres sur les miennes.
- non... Bien sûr que non, il sourit, visiblement amusé.
D'un geste calculé, il m'attrapa à la taille et m'attire contre lui avant de poser ses lèvres sur les miennes. Mes bras remontèrent d'eux même pour se coller à sa nuque, des filets d'eau s'échappaient de la serviette encore mouillée dans son dos et me glaçaient les doigts.
Nos lèvres étaient scellées, irrévocablement et irrésistiblement scellées.
Ses mains se crispaient dans mon dos, tandis que les miennes parcouraient ses cheveux, laissant les traces humides de la serviette que je jetais dans le lavabo avec exubérance.
Il était enfin là, ce baiser, ce vrai baiser amoureux qui ne s'était jamais vraiment produit entre nous. Je le sentis sourire sous mes lèvres, j'avais oublié cette manie qu'il avait de sourire quand je l'embrassais.
Mon corps entier s'emplit d'une substance électrisante que je ne saurais décrire, mes mains me brûlaient, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Tout me brûlait, mon corps se faisait lécher de flammes, ma respiration accéléra, Ron resserra son étreinte autour de moi.
Nous basculons à l'avant et il s'écrasa contre le mur, cette fois, c'est moi qui souris sous notre baiser. Notre vrai baiser.
Je me détachais de lui, le fixais, puis laissais retomber mon visage sur le sien.
J'étais bien, j'étais vivante, j'étais avec lui.▪️▪️▪️
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La dernière.
Science FictionEt si un jour, sans aucune raison, les filles du monde entier disparaissaient ? Et si un jour, l'humanité entière serait devenue entièrement vouée à la discontinuation de son existence ? « Je n'ai pas disparu » Beth, une jeune fille de 16 ans qui a...