AZMÏNAH

Fraternité

La petite n'était pas auprès
de moi, elle me manquait, mais, à vrais dire, ce fut un repos, une mère à besoin elle aussi de vacance, être maman est un job tout de même, et les jours de congès se font très rares.
De plus, je ne fêtais jamais noël,
cette fête ne me parlait pas, je n'étais ni chrétienne, ni dans l'optique de faire la fête, parce que les autres la fesaient aussi.

Il fesait froid, alors avec mon grand châle, je m'étais installée sur un fauteuil, tout près de la cheminée, on aurait dit une grand-mère, il ne me manquait plus que l'aiguille et les boules de laines pour me mettre à tricoté.

Je pensais à Asmar, visualisant la carte du monde, pour imaginé d'éventuels endroits où il pouvait se situé.
J'imaginais sa grande suprise lorsqu'il avait prît pour la première fois l'avion et sans doute celle qu'il avait eût, en découvrant le monde extérieur.

J'eux cette boule au ventre, et ce pincement au coeur, comme lorsque plus jeune, il partait plusieurs jours avec Père en excursion, j'attendais son retour avec impatience, autrefois, nous étions si.. fusionnels.

Je me demandais s'il était tombé sous le charme d'une jolie demoiselle qu'il transformerait en dame, ou plutôt j'en étais sûre, : Mon frère était depuis ses premiers jours, un mignon bébé, un charmant petit garçon et un bel homme, je savais qu'il l'était toujours, même sa légère cicatrice sur le visage, n'endommageait pas cette beauté, c'était Asmar Hassan Ali Ibn Talib, l'homme au charme ravageur, le guerrier, héritant de l'arrogance et de la prestance,
de son arrière grand-père Al Quassim Ibn Talib.

Quelles femmes sur Terre, ne pouvaient succombé au fils de Youssef Chahid Ibn Talib ?

[...]

Ce fut après un facetime avec ma fille, pour lui souhaiter son anniversaire, que je pris le temps d'ouvrir la masse de courriers, que je ne m'étais jamais décidé à ouvrir après les avoir retiré de la boîte aux lettres.
De toute manière, généralement, ce n'était que les impôts ou bien quelques lettres fesant offices de publicités.

Mes mains se mirent à trembler,
à la vue de cette enveloppe toute rouge, je pensa que l'expéditeur était Hussman, mais il faut dire que je me trompa.

Azmïnah ma soeur bien aimée,
Cela fait plusieures lunes, que nos chemins se sont éloignés, aujourd'hui la seule chose qui nous lie, est le sang qui coule dans nos veines.
Je sais ce que tu penses, tu te dis que je suis égoïste, et je ne te prouves pas le contraire, en vue de mes dernières actions.
Je ne suis plus au Hedjaz, ni même au Moyen Orient ou bien au Maghreb, je me trouve, à l'autre bout du monde, bien loin de la Mer d'Oman ou de la Mer Rouge, mais tout près de l'Océan Pacifique.
Soeur idole de la mer,
chaque jours j'ai le plaisir, de plonger mes talons dans cette eau, chaude et turquoise, encore plus belle que notre fameuse plage d'Al Hoceïma.
Je suis là où la royauté n'est pas,
ni même la dictature, les hommes et les femmes, sont ancrés dans la béatitude absolut.
Ici, nous ne sommes pas réveillés par les bruits des sabots de nos montures, non, plutot par ceux des canettes rencontrants les lampadaires et les portes des maison, les enfants jouent dans la rue, les propulsant à l'aide de leurs pieds fins.
Le Soleil tape sur ma peau bien plus fort, qu'à Yatrib, tu verrais mon teint, il est encore plus sombre que celui de tes derniers souvenirs !
Sultana, toi qui aimait danser,
la musique bien que différente de celle de notre enfance, rythme mes journées.
Malaïka, danse pour moi,
jours comme nuits, secouant ses longs cheveux nattés, de gauche à droite, dandinant ses hanches, remuant des épaules, expirant la fumée de sa bouche.
Et c'est ainsi que je vis ma vie, et cette vie me plaît, j'ai pris de nouvelles marques, j'ai sans doute changé, tout comme toi, et bien qu'aujourd'hui orphelins, nous restons frère et soeur.

_Bridgetown 2014