Chapitre 1 - 1

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Je monte les marches, vois cette belle église, remarque la croix. Rien de bien surprenant quand on vit à Rome, c'est vrai. Pourtant, cette croix, cette église seront mes fidèles accompagnatrices désormais. Je n'ai plus à en douter, plus à m'interroger, plus à avoir peur. La décision a été prise.

Le soleil écrase toutes mes émotions négatives. L'anxiété, pourtant légitime, fond littéralement. Chaque gouttelette de sueur qui tente de s'exfiltrer y parvient en emportant avec elle une parcelle de l'angoisse. Ensemble, elles s'évaporent, elles quittent peu à peu mon être pour me laisser tranquille.

Le soleil a aussi raison de ma peur. J'ai si froid quand je suis tétanisé. Aujourd'hui, c'est impossible. Monter les marches me demande un effort que je pourrais qualifier d'inhumain. Pourtant, il me fait du bien. Il me libère du poids. Il me conforte dans mes choix. Je n'ai plus qu'à avancer.

Je sais qu'il m'attend là-haut, qu'il est prêt. Je sais les sacrifices qu'il a dû faire, je comprendrai ses frustrations. Je devrai en tenir compte et tout mettre en œuvre pour le rendre heureux. Même si, au fond, je sais que la vie qui s'ouvre devant moi est une parenthèse enchantée. En partie parce qu'il sera là.

Je me réjouis d'avoir choisi un costume de couleur foncée. J'ai longuement hésité avec une superbe pièce grise qui, je le sais, il me l'a dit, me va à ravir. Mais je connais cette ville. Je n'oublie pas qu'elle est le lieu de l'ultime trahison. J'étais certain qu'elle invoquerait les plus hauts dieux romains pour que le soleil éblouisse la journée.

Les dizaines de marches franchies, je vois enfin les deux tentes dédiées aux militaires qui assurent la protection du lieu. La France reste une cible privilégiée, j'en ai conscience. Je devrai m'habituer à leur présence, m'en faire des compagnons de route tout autant que la croix que je vois encore au-dessus de ma tête.

Ils me saluent. Ils ne m'ont jamais vu. Mais ils savent qui je suis. Il n'y a que moi qui peux entrer par cette porte maintenant. Personne n'y est autorisé. Il n'y a pas de visiteurs. J'ajuste ma cravate, dont je n'ai su me défaire malgré l'écrasante intensité de notre étoile. Un des militaires sourit et ose me demander :

« Puis-je vous aider à l'ajuster ? »

Je souris et le remercie avant même qu'il n'agisse, afin de lui délivrer mon consentement.

« Avec un tel nœud, vous pourriez étouffer ! Si vous permettez... »

Joignant le geste à la parole, le militaire me libère de la pression en ajoutant quasiment un centimètre de tissu autour de mon cou. Et tout ceci sans que mon col ne se relâche. Magistral.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant