Chapitre 10 - 2

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« Seriez-vous sensible sur ce sujet, Monsieur Preston ? »

C'est un bien faible mot pour qualifier l'importance de mon mari. Je dépose mes affaires sur la chaise que je venais de quitter et m'appuie sur son bureau pour m'avancer au-dessus de lui. Il ne s'y attendait pas et s'enfonce dans son fauteuil.

« Je suis ici en tant que représentant d'une institution française. Ma vie privée n'a aucune incidence sur ma vie professionnelle. Vous éviterez donc d'y faire référence désormais ».

Il ne dit rien mais tente, avec un sourire malsain :

« Vous restez, donc ?

— Si vous avez un autre sujet à aborder que mon mari.

— Il était là lors de notre dernière réception, ôtez-moi d'un doute.

— En effet, il m'accompagnait. Le carton d'invitation le mentionnait tout autant que moi.

— Cela n'arrivera plus.

— Soyez plus clair.

— Son comportement auprès des artistes que nous avions invités a été remarqué et entendu. Il n'a pas été apprécié. Nous ne voudrions pas que cet incident se reproduise.

— Vous prenez donc le parti de petits drogués ?

— Des petits drogués qui font le cœur du mouvement artistique actuel et qui attirent les touristes fortunés.

— Je me contrefous de vos prises de position douteuses, suis-je clair ? Vous n'avez pas apprécié que mon mari réponde à un névrosé qui s'en prenait à nous verbalement ? Il fallait prévoir un service d'ordre plus pertinent. Je ne changerai aucune de mes habitudes.

— Alors nous devrons annuler les invitations qui vous étaient destinées.

— Je ne comptais pas y répondre, rassurez-vous.

— Le ministre sera déçu de l'apprendre.

— Sans doute moins que la mienne, ainsi que le ministère des affaires étrangères. Estimez-vous heureux d'être en Italie. En France, je vous aurais déjà fait mettre au placard pour homophobie.

— Vous pensez que le fait que vous vous tapiez un mec m'intéresse ? Monsieur Preston, vous rentrez dans qui vous voulez, ce n'est pas mon problème ».

C'était le mot de trop. Je fais le tour de son bureau et attrape le col de cet enfoiré.

« Soyons bien clairs. Je suis ici en tant que représentant de la France. J'ai été magistrat. Je suis fonctionnaire et serviteur de l'intérêt général. Mais dans dix secondes, je peux aussi être un simple expatrié qui vous refait le portrait parce que vous me harcelez. Ne me forcez pas à utiliser la violence contre vous. En revanche, comptez sur moi pour que cet entretien ne soit pas oublié. Je me ferai un plaisir de faire part de vos menaces et de vos insinuations directement aux personnes concernées »

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant