Chapitre 18 - 3

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Alvaro a un seuil de tolérance assez exceptionnel. Il est prêt à encaisser bien des coups. En revanche, dès qu'il s'agit de moi, dès qu'il s'agit de mes émotions, de mes sentiments, le fauve est libéré.

« Si ce n'est pas lui, qui ? »

Je suis bien incapable de répondre à cette question. Pour l'instant, rien n'est clair. Il faudra que je fasse le point avec Samuel et Aurélien. Mais je dois aussi leur laisser le temps de travailler. Je ne suis pas aussi impatient qu'Alvaro, du moins sur ce point précis.

« Je l'ignore. C'est bien pour cette raison qu'ils cherchent des deux côtés. Toi aussi, après tout, tu es une cible.

— Hors de question que tu sois une victime collatérale.

— Tu l'as été tant de fois, pourquoi pas l'être à mon tour ? »

Je suis parvenu à le faire sourire de nouveau. Je suis en bonne voie.

« Bois donc ton cocktail sans alcool avant que je n'aie envie de te le lancer dessus.

— Si tu souhaites voir mes muscles saillants, inutile de mouiller ma chemise, il suffit de la retirer dès que nous serons rentrés.

— Je ne ferais aucun commentaire maintenant au risque de réveiller tes plus bas instincts.

— N'oublie pas que c'est toi qui en profites ».

Il ne faut pas être trop exhaustif pour que l'esprit d'Alvaro s'enflamme. De ce côté-ci aussi, une certaine impulsivité l'habite. Mais ce n'est en rien un problème à mes yeux, au contraire. Pour autant, ce soir, il est hors de question que nous nous privions de sommeil. Je dois bientôt rentrer en France pour quelques jours.

Alors je ne peux pas me permettre d'accumuler du sommeil en retard.

« Rentrons, si tu le veux bien. Nous devons préparer les semaines qui viennent.

— J'espère qu'il fera moins chaud à Paris.

— Je ne te garantis rien.

— Tu devrais. C'est à cause de toi que l'on va là-bas.

— Comme si tu étais déçu de revenir quelques jours ».

Il réfléchit et concède que j'ai raison. Que ces mots sont doux à mes oreilles. Je le fais répéter pour me moquer et manque d'être soulevé par mon musclé mari. Nous allions prendre le métro quand nous nous rendons compte qu'il est fermé. Tant pis. Je ne me sens pas capable de rentrer à pied. Ni à vélo par la chaleur encore puissante en cette nuit noire.

Je manque de m'endormir dans le taxi. Mais je ne suis pas inquiet. Lui ne dort pas. Il me protège, il me surveille. Il assure une discussion avec le chauffeur dont je n'écoute pas un mot. Non, je suis déjà parti vers d'autres cieux, plus lumineux et plus étoilés. Peut-être glacés...

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant