Chapitre 16 - 2

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Aurélien est arrivé ce matin à Rome. Son hôtel est proche de la Villa, je lui ai donc donné rendez-vous sur la Piazza di Spagna. Nous nous installons à un restaurant et je commande deux vodka martini. Aurélien me regarde étrangement :

« Vous attaquez fort.

— Avec ce que je traverse en ce moment, je pense que je suis en droit de réagir ainsi.

— Ce n'était pas une attaque personnelle, excusez-moi ».

Je pense qu'Aurélien a une vingtaine d'années. Il m'explique être sur le point de réussir à rentrer à l'école d'avocats. En attendant, il a un travail alimentaire pour Samuel. Après tout, enquêter ainsi est aussi une façon de se préparer à ses premières années en cabinet.

« J'ai pris connaissance du dossier transmis par Monsieur Vaughan.

— Dans son intégralité ?

— Tout à fait, y compris que vous avez déjà été client pour nous.

— En effet. Et vous a-t-il dit que j'avais...

— Oui, je sais que vous avez contribué à faire décoller sa carrière.

— C'est un bien grand mot mais oui, nous avons fait affaire très tôt.

— Je comprends donc d'autant plus pourquoi vous revenez vers nous.

— Je ne suis pas paranoïaque. Et je crois que je préfèrerais l'être. Mais vous conviendrez, vous qui avez un regard neuf sur l'affaire actuelle et sur le dossier précédent, que tout cela semble rechercher un seul et même but.

— Je suis d'accord. A une différence près.

— Laquelle ?

— La personne qui vous voulait du mal est aujourd'hui aux Etats-Unis.

— Et ce serait suffisant pour la rayer de la liste ?

— Non, mais vous conviendrez qu'il est plus délicat pour une source américaine de diligenter la presse locale.

— Ce qui signifie...

— Que je ne néglige pas votre ami du ministère italien. Ni vos collaborateurs à la Villa. Ni d'autres acteurs culturels que vous avez rencontrés ici. Et encore moins vos concurrents défaits pour devenir directeur de la Villa.

— Pour ces derniers, j'imagine que Samuel s'en charge.

— En effet, et de toutes les autres pistes françaises. Je vais plutôt m'intéresser aux sources de ces journalistes. Je suis convaincu qu'il ne sera pas si difficile d'obtenir des informations.

— Ne faites rien qui puisse aggraver la situation.

— Nous risquons tout de même de remuer la fourmilière.

— Je reformule. Évitez tout ce qui pourrait être illégal ».

Il acquiesce. Son regard se perd en revanche quand un groupe de jeunes italiens s'assoit non loin de nous. Le jeune homme en face de moi, jusqu'à présent professionnel à mes yeux, devient un garçon blond aux yeux verts prêt à charmer.

« Laquelle avez-vous repéré ?

— Tous ? » ironise-t-il avec un sourire malicieux.

J'ai compris à qui j'avais affaire.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant