Chapitre 2 - 1

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La nuit tombée, le reste de la soirée se déroule paisiblement. Alvaro et moi ne nous sommes plus quittés, après une journée éprouvante et importante. Lorsque les collaborateurs viennent échanger avec moi, apprendre à me connaître, il est là. Quand les membres du cabinet de la ministre viennent m'indiquer pourquoi ils ont cru en ma candidature, il est là.

Personne plus que lui n'a réellement soutenu ce projet. Si je suis aujourd'hui à la direction de cette belle institution culturelle, c'est grâce à lui. Je ressens cette vérité vibrante en moi depuis des années, depuis que nous vivons ensemble. Au-delà de notre rencontre, au-delà de notre couple, ce sont la vie commune, le partage de nos quotidiens éclatés, les regards croisés sur nos parcours et nos projets qui ont permis d'arriver à Rome.

Je n'ai donc qu'une envie, être accroché à son bras. Nos amis ironisent souvent sur ce sujet. Il est un peu plus petit que moi, un peu plus jeune que moi, un peu plus fin que moi. Pourtant, et personne ne pourra en douter, il est mon pilier. C'est sur lui que je me repose pour que tout puisse advenir.

Je passe toujours mon bras dans l'espace qu'il laisse entre le sien et son corps. Je recherche sa main rassurante posée sur mon épaule. J'ai besoin de son bras assuré qui enserre ma taille ou bien qui vient chercher ma nuque. De sa peau émane une chaleur qui vient combler chaque manque qui pourrait exister.

Jamais je n'ai su me lasser de l'observer. La cravate pour laquelle j'ai opté n'existe pas chez lui. Au mieux choisit-il un nœud papillon. Sinon il laisse sa gorge déployée, prête à déclamer tout ce qu'il a à dire ou tout ce qu'il a à penser. Il n'a pas besoin d'artifice pour asseoir qui il est.

Ce soir, alors que la réception qui inaugure ma prise de fonctions tend à se terminer, il défait son nœud papillon et le pose négligemment de part et d'autre de son cou. Chaque pointe vient percuter son torse. Fin n'exclut pas une jolie musculature. Alvaro a toujours travaillé ses pectoraux, légèrement bombés. Il a cependant négligé ses abdominaux, et tant mieux.

Hélène, toujours aussi élégante malgré la soirée, les quelques verres de vin et la chaleur, s'approche de nous :

« Je crois que vous avez beaucoup de chance de l'avoir.

— C'est une certitude, répond Alvaro.

— En réalité, je m'adressais à Eliot ».

Quelques amusantes traces rouges apparaissent sur le visage de mon mari. Je saisis sa main et réponds à notre ministre :

« Sans lui, je ne serais pas ici, devant vous, capable de tout ce que nous ferons. Vous ne me connaîtriez pas, vous ne sauriez même pas qui je suis.

— En quelques sortes, c'est la France qui a de la chance d'avoir un Alvaro dans sa vie, n'est-ce pas ? ».

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant