Chapitre 24 - 3

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Songeur, je ne m'étais pas aperçu qu'Alvaro s'était endormi contre la fenêtre du taxi. Je m'empresse de le réveiller, avant que son cou ne vienne le torturer. Le travail sur papier comme sur écrans sollicite, chez un architecte, une somme de muscles dont je ne soupçonnais pas l'existence.

Après m'avoir remercié de ce geste ô combien important pour lui, il m'invite à le rejoindre dans ses bras, pour que ma tête vienne se placer dans son cou. Nous pouvons ainsi regarder, ou plutôt observer, au regard de notre faible vitesse, les quelques lieux et villas que nous ne connaitrions pas.

Nous sommes arrêtés, malgré nous, à cause des bouchons, devant un jardin immense et une bâtisse en pierre de deux étages. Construite en longueur, la maison accueille de part et d'autre une véranda qui se soumet à des plantes grimpantes. Des personnes y sont installées, profitant du soleil au filtre du verre transparent.

L'envie de rentrer « chez moi » se fait alors plus pressante, sans doute dans l'idée de moi aussi jouir des jardins que Rome daigne bien nous offrir. Ces images semblent m'amener ailleurs, comme si des souvenirs inconscients étaient associés à ces terrasses et à ces extérieurs. Tout ce qui me revient à l'esprit, c'est la main de mon mari dans mon dos.

Le temps passe plus vite quand je sens sa peau collée à la mienne. Son odeur, mélange de parfum et d'une peau légèrement humide à cause de l'intensité du soleil ici, n'est semblable à aucune autre. Cet homme semble ne jamais transpirer, dans le sens le plus désagréable du terme.

Quoi qu'il en soit, la chaleur n'a que peu d'effets sur lui. Ses origines hispaniques ont assurément un rôle dans l'explication que nous devrions trouver pour comprendre son corps. Je suis parvenu à briser d'autres de ses secrets, après tout. Des secrets qui pourraient me mettre en position inconfortable s'ils se faisaient trop présents alors que je suis au plus proche de lui.

Enfin arrivés à la Villa, nous pouvons ranger nos valises et, pour moi, prendre une douche nécessaire. Néanmoins, je suis dérangé au milieu des gouttes par mon mari :

« On a reçu ça pendant le séjour ».

Une enveloppe marron, fermée, qui porte mon nom.

« Tu penses que tout recommence ? » ajoute-t-il.

Je me sèche et ouvre rapidement le pli, plutôt que de répondre. Quelle surprise en y découvrant un dossier complet sur une femme que je ne connais pas.

Cher Eliot,

Nous y sommes.

Je vous présente Claire de Launey.

Enchanté. Plutôt pas, en réalité.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant