Pour Les Medicis (B&B)

Chapitre 16 - 3

Je paie nos deux cocktails après avoir été violemment sermonné par Aurélien. Je lui sers la main et il me remet le dossier mis à jour ainsi que sa carte de visite. Nous nous saluons de manière appuyée et aussitôt je me fais une remarque. Nul besoin d'être en soirée pour être pris en photo. Notre accolade pourrait aussi être mal interprétée. Je commence à devenir obsessionnel.

A raison.

« Bonjour mon Eliot ».

Je me raidis à l'entente de cette voix. Évidement, il a fallu qu'il soit dans les parages. J'embrasse donc mon mari et lui souris.

« Tu m'as abandonné ce matin pour un plutôt beau garçon. Je pourrais être jaloux.

— Dit l'éphèbe aux yeux cristallins et aux cheveux noirs, alors qu'il est blond.

— Et alors ? Les opposés t'attirent ».

Je l'embrasse sur la joue et m'attends à une question que j'aurais assurément posée à sa place, ne serait-ce que par curiosité. Rien ne vient. Absolument rien. Les cloches se mettent à sonner pour signifier l'heure du déjeuner. Nous revenons donc au restaurant que je viens de quitter. Mon cocktail commence à faire effet et pourtant deux verres sont commandés.

Fort heureusement, Alvaro déteste les alcools forts et ce sont deux verres de vin blanc qui font leur apparition. Le serveur n'hésite d'ailleurs pas à ironiser sur le sujet :

« Vous êtes plus sérieux avec Monsieur ! »

Je le dévisage et il comprend assez rapidement qu'il serait bon pour lui de rester discret.

« Tu as pris un alcool plus fort ?

— Vodka martini.

— Quelle horreur.

— Je sais. Mais j'en avais besoin.

— Attends. Pourquoi ? Pourquoi de l'alcool fort un midi alors que tu avais un rendez-vous ? »

Excellente remarque. Je ne réponds pas. Encore une fois. Parce qu'il a compris.

« Ne me dis pas que tu as...

— J'ai fait ouvrir une enquête. Je ne vais pas attendre.

— J'en étais sûr... Et ce jeune homme...

— Un Français dépêché de Paris par une agence. Je te rassure, payée avec mon compte personnel.

— Je me fiche de l'argent, Eliot. Je m'inquiète pour toi ».

C'est précisément parce que ce sentiment est réciproque que j'entreprends toutes ces initiatives. Tu comprendras. Parce que ce bourdonnement dans ma tête doit disparaître.