Chapitre 22 - 2

118 16 6
                                    

Alvaro sourit et ne peut s'empêcher de prendre la parole :

« Je savais que ces rendez-vous compteraient beaucoup pour ton avenir ».

Sur son visage se lit une fierté incommensurable. La même que celle qui m'a poussé à candidater à la Villa. La première, et sans doute la dernière sincère, personne à me soutenir quand il s'agît de penser l'avenir est bien mon mari. Quelles que soient les conditions, il ne veut que me voir atteindre de nouveaux paliers.

Son ambition est claire : ouvrir des cabinets d'architecte dans l'ensemble des pays dans lesquels nous passerons. Alors, peu importe ma mobilité, peu importent mes choix, il sera toujours satisfait. Quant à nos relations, elles sont avant tout virtuelles, il faut bien l'avouer. Nous aimons nos amis, mais à distance en général.

Ce n'est ni méprisant ni inamical, simplement que les moments privilégiés tels que des dîners ou toute autre réjouissance sociale ne sont pas vraiment à notre goût. C'est ainsi. Nous partageons ce léger penchant asocial et il amuse nos proches qui ont parfaitement compris qu'ils ne devaient pas en faire une affaire personnelle.

« Tout ceci vous inquiète, Alvaro ? s'empresse de demander Hélène.

— Pas du tout, se retient mon mari. Je suis simplement satisfait.

— Il le mérite.

— N'hésitez pas à poursuivre votre échange en omettant ma présence, plaisantai-je. D'ailleurs, notre vie maritale a été abordée.

— Le soutien de la hiérarchie est inébranlable, Eliot, je vous l'avais dit.

— Je ne pensais pas que l'Elysée faisait partie de cette hiérarchie-là.

— Votre nomination est une décision collective, et on ne laisse pas tomber un homme comme vous.

— Décidément. Vous avez collé votre oreille à la porte du bureau pour savoir quelles expressions elle a pu utiliser ?

— Je la connais simplement bien. Je pense même pouvoir dire que nous avons des points de vue similaires vous concernant.

— Vous êtes en train de dire qu'elle a joué un rôle prégnant dans sa nomination, demande Alvaro.

— Toujours aussi perspicace, mon cher » dit-elle calmement en passant sa main sur son bras.

Dans mon esprit, cette journée est surréaliste. Je suis empêtré dans une rumeur qui met en cause les mœurs de mon couple et, pourtant, quelle que soit l'échelle choisie, personne ne semble tenté par la solution de facilité : éliminer le problème en se débarrassant de celui qui est ciblé.

Je regarde plutôt mon mari et la ministre de la culture présentement en train de plaisanter ensemble sur moi, sur notre relation ou encore sur la Villa. Tout paraît si léger. Le vent se lève, venant juste faire soulever quelques feuilles autour de nous. Un son siffle à mes oreilles, et j'ai l'impression d'entendre des cloches sonner.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant