Chapitre 19 - 1

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J'ai réussi à concentrer l'ensemble de mes exigences parisiennes pour que notre séjour soit le plus court possible et, surtout, pour éviter que je ne fasse des allers-retours incessants entre la France et l'Italie. Depuis que nous sommes installés loin de Paris, je ne ressens plus forcément le besoin d'y retourner. Comme si les attaches qui me retenaient là-bas s'étaient complètement perdues.

Toujours est-il que je ne peux pas éternellement repousser les demandes de certaines institutions. Je ne peux évidemment pas décliner les demandes de mes supérieurs, notamment lorsqu'elles émanent de la ministre directement ou, pire, de l'Élysée. Les conseillers du Président de la République, qui a tranché en ma faveur lorsqu'il s'est agi de nommer le nouveau directeur, souhaitent m'entendre.

Je ne suis pas convaincu, pour eux, que ce soit une excellente idée. J'ai une vision très précise de la culture, de ce qu'elle invoque, de ce qu'elle signifie. Je ne pense pas que l'argent doit rentrer en ligne de compte, dès lors que le maximum est fait. Mes rapports ont toujours été dans ce sens.

Mais ils étaient édulcorés. J'appartenais à une vénérable institution qui n'en reste pas moins obsédée par les chiffres. La Cour des Comptes porte bien son nom. Je me souviens encore de mes projets de rapports, relus par mes supérieurs, tachés de rouge ou de toute autre couleur qui viendrait asseoir leurs décisions.

Je ne serai donc plus politiquement correct, et ce d'autant plus que l'audience est privée, voire confidentielle. Alvaro s'amuse par anticipation de mon comportement. Je n'ai pas dit mon dernier mot, d'ailleurs, au sujet de sa présence à mes côtés. J'ai prévu de jouer toutes mes cartes, y compris celle de mon mari.

En attendant, nous sommes installés dans un hôtel plutôt sympathique, à quelques pas du ministère de la Culture. Je ne souhaite même pas connaître le prix de la suite, étant donné qu'elle est encore plus grande que celle qui nous avait été proposée à Rome. Peu importe, même si l'ancien magistrat aurait dû se demander comment l'argent public est utilisé.

Mes rendez-vous les plus officiels ne sont pas aujourd'hui, ni demain. Non, ils sont bien plus tard. C'est Sciences Po qui, en premier, a souhaité que je sois présent. Ils ont réussi à me convaincre de venir donner une conférence dédiée à la culture, à la Villa Médicis ainsi qu'à la Cour des Comptes.

Pourquoi pas, après tout. J'aurais sans doute apprécié connaître en amont le fonctionnement de ces vénérables institutions avant de partir à l'ENA. Ils ont envisagé de me rémunérer et j'ai évidemment refusé. Ils prennent donc en charge une large partie de l'hôtel et du déplacement, expliquant sans doute pourquoi notre suite est si belle. Les budgets couplés du ministère et de l'école doivent faire des étincelles.

Néanmoins, peu savent pourquoi je suis réellement revenu.

La revanche.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant