« Tu peux, s'il te plaît, cesser de me regarder tel un pervers ? Je te vois dans le reflet du miroir ».
Il éclate de rire et vient m'enlacer. Ses bras entourent mon torse et forment une boucle dont je ne me lasse pas. Son nez est posé sur mes épaules tandis que ses yeux, eux, restent fixés sur le miroir, lui permettant donc me dévisager tout en étant au plus proche de ma peau. C'est une belle image.
Nous avons été invités à une première réception, initialement prévue pour les artistes eux-mêmes. Néanmoins, je dois concéder que la Villa jouit d'un tel aura que mes collaborateurs et moi sommes toujours a minima informés des événements pour lesquels nous pourrions être parties prenantes.
Je m'amuse d'ailleurs du nombre de messages que nous pouvons recevoir afin d'obtenir des financements. Mon rôle est précisément de parvenir à trouver des ressources pour mes pensionnaires, et il faudrait de surcroît que nous accompagnions les organisations ou les artistes locaux ? La communication de la Villa risque d'être à revoir.
Alvaro se décide à me lâcher et je peux donc m'asperger de parfum. Enfin, m'asperger. Quelques gouttes bien choisies de Fragonard. Il adore ce parfum aux notes puissantes. Le revoici alors collé à moi, bien décidé à être le premier – le seul ? – à humer mon odeur.
« Tu penses qu'il est normal que...
— Tu n'es pas normal, chéri, et tant mieux.
— Laisse-moi finir. Quand je parle des résidents avec l'administration ou le ministère, j'ai tendance à parler de mes pensionnaires.
— Et ? Pourquoi cela te poserait problème ?
— Ce ne sont pas les miens. J'ai l'impression de reproduire le schéma des écoles qui rallient leur communauté au sein de...
— Tu cherches à créer cette communauté. Elle n'existe pas beaucoup. Enfin, partiellement. De ce que j'en ai vu ».
Je me tais, parce qu'il m'a coupé à deux reprises. Mais aussi parce qu'il n'a pas tort. La soirée organisée pour m'accueillir a dévoilé les failles dans le collectif. Entre les différents corps de la Villa, et surtout au sein des pensionnaires. Ils n'appartiennent pas forcément aux mêmes mondes artistiques.
Je suis sorti de mes pensées par un sauvage en train de me mordiller l'oreille.
« Avant de partir, tu n'aurais pas envie ...
— Tout dépend de votre proposition, Monsieur Preston.
— Assis-toi sur le lit, et profite ».
Pour une fois, je m'exécute. Nous sommes pressés, il le sait, il en joue. Et je ne lui résiste pas.
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Pour Les Medicis (B&B)
Ficción GeneralEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...