Chapitre 4 - 1

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« Quand tu auras terminé de repenser aux folies de la nuit dernière ou, encore mieux, à ce que tu comptes me faire en rentrant, tu pourras répondre à ma question ? ».

Sa remarque lui vaut immédiatement une réprimande et une légère gifle, ayant pour effet, évidemment, un éclat de rire. A cause de l'image aigre douce que nous renvoyons, beaucoup pensent que nous sommes ou bien un jeune couple qui se cherche ou bien un vieux couple au bord de l'extinction.

« Et quelle était-elle cette question ?

— Passer la soirée à Trastevere te conviendrait-il ?

— Je te connais, tu ne me dis pas tout ».

Il roule des yeux. Il déteste quand je débusque ses plans cachés. Trop tard.

« Flore et Hugo sont de passage ; et ils meurent d'envie de te voir ».

Ce sont des amis de Sciences Po qui, malgré mon manque d'ouverture et mon aversion pour toute forme de cérémonie sociale à l'époque, se sont attachés à moi. Ils sont d'ailleurs bisexuels, ce que je n'ai appris qu'après avoir rencontré Alvaro. Plus précisément, c'est en leur présentant mon compagnon qu'ils m'ont également fait la confidence.

Ils voyagent en permanence. Je sais qu'ils ont tous les deux suivi le même parcours plutôt dédié à l'économie et à la finance. Je crois qu'ils travaillent sur la gestion des risques pour une banque. Ils ont réussi l'exploit de se faire recruter ensemble et d'être intégrés dans la même équipe. Leurs voyages professionnels n'en sont que de meilleure qualité.

« Et pourquoi ils t'ont prévenu alors que ce sont mes amis ? essayai-je de le titiller.

— D'abord parce que je les aime beaucoup aussi et ensuite parce qu'ils n'avaient pas oublié que tu rejoignais la Villa Medicis hier. Le calendrier a aidé à te préparer la surprise.

— Tu as combien de soirées ainsi chronométrées et millimétrées ?

— Serais-tu en train de te plaindre que pour une fois j'organise nos séjours et te libère de cette charge-là ? »

Il marque des points. Je n'ai de cesse de protester quand il ne s'investit pas dans la préparation de nos voyages. Et maintenant qu'il prend les rênes, j'ai l'impression de perdre le contrôle et ce n'est guère mieux. Heureusement qu'il me connaît et qu'il sait combien j'aime tout surveiller et piloter.

« Ton silence vaut acceptation ! Allons les rejoindre ».

Il nous rapproche de la station de métro mais ma main dans la sienne le retient. Il se retourne vers moi, je me noie dans ses yeux bleus, lance mes doigts dans ses cheveux, l'embrasse tendrement ou fougueusement. Il garde les mains le long du corps, il n'a pas l'habitude de telles démonstrations publiques ; derrière ses airs assurés.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant