Chapitre 1 - 3

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« La nomination d'Eliot Preston était espérée par l'ensemble de l'équipe de la Villa Medicis, sachez-le Madame la Ministre.

— J'en suis comblée. En espérant que les résidents connaissent le même enthousiasme ».

En avançant ainsi un avis si tranché de la part des collaborateurs de la Villa, son directeur intérimaire dépose sur mes épaules une responsabilité supplémentaire. Je n'aurai pas le droit de décevoir une équipe aussi compétente et, surtout, engagée. Je suis impatient de leur donner encore davantage de liberté et, surtout de moyens.

Les quelques mots d'introduction de la ministre me laissent rapidement la place. Je n'ai rien préparé, parce que dans de telles circonstances, je ne ferais que lire mes notes. Alvaro me dévore du regard et c'est un bonheur absolu.

« Mesdames et Messieurs, nous sommes désormais collègues. La direction de la Villa Medicis n'a rien, à mes yeux, de disciplinaire. Nous ne pouvons que nous faire confiance, nous engager ensemble. La direction de la Villa Medicis n'est que le point que nous observerons, que nous chercherons à atteindre. C'est le soleil qui se couche sur Rome, c'est l'horizon que nous espérons. Je veux que vous comptiez sur moi, plus que je n'aurai à compter sur vous. Je vous fais la promesse ici d'agir pour que vos moyens soient décuplés, et ce notamment grâce au mécénat et à l'ouverture partenariale.

Madame la Ministre, merci d'avoir porté ma candidature, d'avoir cru en moi. Rien n'était évident, rien n'était naturel. Cher Monsieur, merci d'avoir permis à cette belle Maison de rester aussi dynamique en attendant que les hautes sphères politiques se décident ».

Un petit groupe me fait désormais face, dont l'unité ne laisse place à aucun doute. Ils sont là, devant moi, attendant, espérant.

« Vous, mesdames, messieurs, qui faites toute la fierté et toute la luminescence de la France ici à Rome, bravo. Je ne peux que m'incliner devant vos géniales idées, vos incroyables fulgurances, vos superbes intentions. La Villa est la vôtre et je ne serai que l'humble serviteur de l'Art dont vous êtes les créateurs. Pleinement consacré à cette tâche, je vous l'assure ».

Alors que les mots commencent à me manquer, quelques-unes – je dois souligner que ce sont des femmes qui applaudissent – me gratifient de leur sourire. Elles scellent donc ici mon discours, rejointes par le reste de mes observateurs. La musique commence et je n'ai plus qu'à suivre son rythme.

D'abord, je me l'étais promis, avant que le soleil ne se couche, je rejoins le flanc de la Villa. Je veux contempler Rome. Je veux voir le Vatican, reconnaître les mystères de la capitale. Un moment partagé, puisque toutes et tous me suivent, quelques mètres derrière. Nous partageons cet instant.

Alvaro, discrètement, avance. Sa main bascule dans mon dos tandis que ses lèvres, faiblement, paisiblement, viennent s'écraser sur ma joue encore tremblante et malheureusement suante. Quelques jours plus tard, Hélène m'enverra la photo prise avec son portable. Le soleil s'engouffre dans l'espace laissé entre son corps et le mien. Cet homme est scintillant. 

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant