Chapitre 4 - 2

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« Toi, Eliot, patron de la Villa Medicis, c'est...

— Une belle surprise.

— Il est toujours aussi modeste notre petit chou, continue Flore.

— Depuis quand je suis votre petit chou, protestai-je.

— Depuis toujours ! s'exclame Hugo. Même ton cher mari t'appelle comme ça quand on parle de toi ! »

Aussitôt, Hugo reçoit un coup de pied bien placé de la part d'Alvaro, qui n'apprécie vraiment pas que soient révélés ses petits secrets. Je me moque d'eux autant que du terme lui-même. Mais pourquoi pas. C'est affectueux, en soi.

Hugo et Flore sont ici pour affaires donc. Ils essaient d'évaluer les risques d'une implantation de leur banque. Ils travaillent sur les différents marchés. Ils savent aussi que la culture est un point d'ancrage fondamental ici. J'ai une carte à jouer, et ce même si ce sont mes amis.

« Vous êtes en Italie les amis. Vous ne pouvez pas investir le pays sans penser son passé, son histoire. Si votre institution essaie de pénétrer le marché sans par ailleurs s'appuyer sur le tourisme et sur la culture, votre tentative sera veine.

— Que veux-tu dire par-là ? » m'interroge Hugo.

Alvaro ne dit plus rien, il a posé sa tête contre le morceau de bois qui fait office de support derrière nous. Nous mangeons, comme quatre adolescents, dans un restaurant vegan qui propose des burgers végétaux excellents. Aucun de nous quatre n'est spécifiquement végétarien ou végétalien, mais peu importe. Nous aimons simplement bien manger.

Il grignote donc les frites de patate douce, il boit sa bière, il m'observe en train de négocier. Il m'observe moi. Pas un autre, pas nos amis.

« Mécénat et services touristiques. Ce sont les deux préambules à toute tentative ici.

— Tu penses que l'on doit investir ? réfléchit Flore.

— Totalement. Vous avez par exemple l'Académie de France à Rome qui est tout à fait encline à recevoir vos dons et financements.

— On est bien d'accord que l'Académie est l'autre nom de la Villa Medicis ? éclate de rire Hugo.

— Tu ne préfères pas investir dans une institution que tu connais plutôt que d'essayer de trouver la perle rare ? Parce que votre banque ne financera jamais de grandes institutions culturelles italiennes, ce serait trop facile. Il faut trouver soit des pépites soit des marques françaises. Ce que je vous propose est une opportunité en or !

— Ce n'est pas l'ENA que tu aurais dû faire, mais l'école de management avec nous. Un tel négociateur aurait été très utile pour les projets collectifs que Sciences Po nous demandait !

— Evidemment, c'est une solution de facilité que de vous proposer d'investir dans ma nouvelle maison. Pour moi comme pour vous. Enfin, pour votre banque. Mais c'est aussi un premier pas. Une première façon d'amadouer le marché italien.

— Je pense que notre rapport fera mention de cette recommandation » sourit Hugo.

Excellent.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant