Je m'allonge sur le lit et Alvaro vient à cheval sur moi pour me masser le cou. Je me délecte de ses mains savantes et profite de cet instant. Il se penche vers moi et me chuchote à l'oreille :
« J'ai déjà quelques nouveaux clients. Je comptais t'en parler en dînant.
- Désolé de l'avoir gâché avec ma douche en plein air.
- Ne sois pas idiot. Tu avais besoin de décompresser.
- C'est difficile.
- Voilà pourquoi je m'y efforce en t'emmenant dîner à l'extérieur, en m'occupant de toi, en nous organisant des visites. D'ailleurs, demain, nous irons au Vatican ».
Je me suis toujours demandé comment tiennent des personnes comme Hélène ou, pire, ses membres de cabinet. J'ai toujours refusé de prendre un poste politique. Non pas que mes convictions soient défaillantes ou que je n'en ai pas les compétences. Mais je ne me sentais pas capable d'être au service d'une machine plus grande que moi et qui risquait de me broyer avec bien trop de facilités.
Même noyé sous les torrents de l'ENA ou sous la pression de ma candidature à ce poste, un espoir émergeait des flots. Il porte toujours le même nom, a toujours le même visage. Il n'est pas un saint et je sais combien il est mis sous pression par son travail. Il ne s'en plaint que peu. Ainsi est-il.
« Je ne demande qu'à passer du temps avec toi, crois-moi.
- Laisse-moi te parler de mes potentiels clients dans ce cas.
- Avec plaisir ».
Alvaro a découvert qu'il existait une sorte de clubs de néo-romains, pour la majorité italiens, à la recherche de sensations fortes. Artistiques, bien entendu. Une refonte architecturale de leurs propriétés est évidemment une de ces émotions. Sans compter les arts nouveaux, ou plutôt devrais-je dire contemporains.
Comme à son habitude, Alvaro n'a pas manqué de glisser mon rôle ici et a fait part de notre recherche de financements. Pris à son propre piège, mon mari a dû vanter les mérites de la Villa Medicis, sans qu'il n'en connaisse encore les ficelles. Il s'est révélé remarquable puisque le pôle mécénat a enregistré plusieurs manifestations d'intérêt.
« Je suis convaincu que tu n'as agi que par intérêt.
- Je n'oserais jamais voyons.
- Tu sais parfaitement de quoi je suis capable.
- Vous ne pensez tout de même pas que j'essaierais d'attirer vos charmes, Monsieur le Directeur ? »
Il éclate de rire avant que je ne puisse lui répondre. Il m'embrasse et continue son massage. Il est plutôt doué et parvient à défaire les nœuds pourtant profonds qui marquent mon dos. Une pluie ardente, un verre de vin, un massage, un homme dévoué, une discussion enrichissante. Que demander de plus.
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...