Chapitre 17 - 3

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Ces rumeurs, il les a réactivées. Il a osé tout tenter. Il a appris que j'avais rencontré Alvaro. Il a compris que notre relation n'avait pas été exactement le fantasme qu'il avait imaginé. Il a parfaitement saisi qu'il avait été toxique pour moi. Il n'a pas supporté.

Il s'est vengé, il a osé.

Il s'en est pris à Alvaro. Il a tout tenté. Il a fait jouer ses relations, heureusement trop peu nombreuses face aux miennes. Il a essayé de salir mon homme. Il a fait ressurgir du passé des images, des noms, des mots qui n'auraient jamais dû exister. Il a envoyé à Alvaro des messages conservés sur son téléphone.

Mais tout cela, je ne l'ai su que trop tard. J'aurais aimé savoir qu'il était à l'origine de tout ce mal. Des mois durant, j'ai recherché, partout, par tous les moyens, la source du mal qui était fait à Alvaro. Qui m'était fait à moi. J'ai cru que Sciences Po était une fourmilière qui m'en voulait.

C'est alors que Samuel Vaughan est rentré dans ma vie. Je l'ai trouvé pour qu'il mette la main sur la pourriture agissante. Plus les sources convergeaient vers lui, plus il se dévoilait. Jusqu'aux messages directement envoyés à Alvaro. Inutile alors de se cacher. Il avançait à visage découvert.

Il a inondé nos proches de messages, sali nos noms auprès de nos employeurs et de nos écoles. Mais Samuel a été plus fort que lui. Il était encore de la police à l'époque. Mon amour de lycée a tenté de l'attaquer avec un objet au moment où il entrait dans son domicile. Il a pu l'intercepter et le mettre en garde à vue.

La procureure chargée de son affaire a été formidable et s'en est violemment pris à lui, invoquant jusqu'à l'homophobie pour qu'il plonge. Il a reconnu les faits et n'a finalement pas été en prison. En revanche, il a demandé à me présenter des excuses. J'ai accepté, dans un univers sécurisé. Depuis, il est parti aux Etats-Unis.

Il savait que je pensais encore à lui. Que son image était encore parfois présente dans mon esprit. Le seul moyen était de le tuer. Symboliquement. C'est ainsi que j'ai débuté le tir. J'avais besoin de me débarrasser de ces pulsions. Il était la cible. Quelle affreuse banalité du mal. Dans mes veines, la haine coule.

Tantôt la fortune oppresse,

tantôt elle avive,

par le jeu, l'acuité de l'esprit,

et la pauvreté

ou la puissance

elle les dissout comme la glace.

Alvaro me regarde au moment où j'ouvre les yeux. Il pointe le programme qu'il a recueilli après de l'ouvreuse qui cherchait à se débarrasser des derniers documents. Il me sert la main. Il a compris. Il m'a créé ma catharsis. Il est l'essentiel.

Cruel classical.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant