Je me réjouis que le calendrier ait ainsi pu être aussi ajusté. Aujourd'hui, Alvaro rencontre ses derniers investisseurs afin d'entrer dans le capital des cabinets d'architectes qui ont accepté qu'il s'associe à eux. Autant dire qu'une nouvelle aussi rassurante joue un rôle catalyseur pour mon mari.
Je ne suis pas inquiet pour lui mais j'ai hâte d'être à ses côtés. Autour de la table se trouveront aussi des représentants de Spencer. Autrement dit, le cabinet qui a, aux bas mots, une cinquante de bureaux autour du globe. Palode & Vistre, le premier cabinet français, ne sera pas présent mais nous avons une proposition sur la table.
Six investisseurs sont installés, ainsi que deux associés de Spencer. Nous avons évidemment choisi la Villa pour une telle réunion et les commentaires fusent. C'est moi qui prends la parole en premier, pour des raisons d'accueil :
« Avant de laisser la parole à Alvaro Preston, je tiens, en tant que directeur de la Villa Medici et de l'Académie de France, à vous souhaiter la bienvenue dans le joyau français de Rome. Vous n'êtes pas sans savoir que la France a toujours soutenu les Arts et que notre présence ici nous semble, au-delà de la stratégie diplomatique, ô combien symbolique.
— Permettez-moi de vous faire part du plaisir que mon associé et moi partageons à l'idée d'être reçus ici, lance l'un des représentants de Spencer.
— Alvaro Preston est un éminent représentant de la culture française, il est donc naturel que la France soit à ses côtés. Bien sûr, peut-être me direz-vous que je suis son époux et qu'il m'est donc aisé de lui ouvrir les portes de la Villa. Je tiens à vous préciser que la demande a été formulée directement auprès du Ministère de la Culture qui s'est empressé d'accepter qu'une telle réunion se déroule ici ».
Je me garde bien de leur préciser, à ce stade des négociations, que le ministère est aussi enclin à garantir les prêts bancaires dont Alvaro aurait besoin. En somme, en cas d'échec de nos échanges ici, il pourra toujours débuter son projet sur des fonds prêtés. Ce serait les rassurer, mais je préfère qu'il s'agisse d'investissements plutôt que de prêts.
« Je vais être clair, commence le second associé de Spencer. Vous voulez ajouter le nom de Preston après celui de Spencer, n'est-ce pas ?
— Je ne suis pas attaché à tout prix qu'il figure sur un mur ou sur une carte de visite, mais je suis prêt à entendre vos conditions.
— Elles sont simples, Monsieur Preston. Nous voulons une entrée de capital à hauteur d'un tiers du chiffre d'affaires ».
Je manque de m'étouffer. Le cabinet réalise plus de 500 millions de dollars de chiffres d'affaires chaque année. Je n'ose imaginer à combien se monte leur capital actuel. Quoi qu'il en soit, impossible d'obtenir un tiers d'une telle somme.
« Et si nous nous associons seulement dans une partie de vos bureaux ?
— Tout ceci me semble compliqué, Monsieur Preston.
— Et si nous montons au capital avec Monsieur Preston ? »
Flore vient d'entrer dans la pièce.
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...