Après une rapide accolade méritée, après avoir retenu son prénom, les portes s'ouvrent. J'avance jusqu'à voir mon hôte, Louis XIV. Je reste ainsi quelques instants. Je dirais que ce sont des minutes. J'observe chaque coup de burin, chaque restauration. Je n'ai pas été choisi par hasard.
J'avance au cœur de cette immense villa pour enfin atteindre les jardins. Une longue table de réception est dressée au fond. Un orchestre joue, juste au coin. Au coin de mon œil. Je suis obligé de pivoter pour les voir. Malgré l'attente, malgré l'espérance, je prends le temps d'aller à leur rencontre.
Chaque main serrée est une future connaissance. Chaque sourire donne naissance à une relation. Peu importe qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs, je tiens à savoir qui ils sont. Parce qu'ils auront contribué, probablement de la manière la plus intense, à la réussite de cette journée. Je leur en serai donc toujours redevable.
J'approche de l'obélisque du jardin et croise enfin le regard d'Alvaro. Un léger soubresaut de la lèvre supérieure, une évidente étincelante lumière dans le regard. Peut-être est-ce à cause du soleil qui ne cesse de brûler. Ce à quoi s'ajoute une attente insoutenable que je n'ai de cesse de prolonger.
La ministre de la culture s'approche de moi, pose ses deux mains sur mes épaules et, à voix basse, ironise :
« J'ai cru que votre époux allait défaillir, vous êtes cruel.
— Pour quelle raison ?
— Le soleil, la fierté ?
— J'opterais pour la première option.
— Vous ne faites visiblement pas toujours les bons choix.
— Vous, en revanche...
— En effet. J'ai pleinement confiance en vous.
— Moi aussi ».
Je me tourne donc vers Alvaro à qui je tends la main. Surpris, il hésite, comme si le public autour de nous allait être décontenancé. Ce sont des artistes, des fonctionnaires, des politiques, des personnes cultivées, ouvertes d'esprit, pleinement conscientes de ma vie personnelle comme de mon parcours jusqu'à présent.
Au moment de la saisir, j'approche le dos de sa main de mes lèvres pour le faire rougir. Hélène, puisque nous nous appelons par nos prénoms malgré notre vouvoiement, ne peut refréner un petit éclat de rire. Elle a compris que nous n'avions pas les mêmes comportements lui et moi quand des regards se posent sur nous.
Je sais qu'il est heureux pour moi, mais il ne le montrera pas aujourd'hui. Non, il attendra ce soir, ou demain, devant un dîner adéquat ou un verre de vin bien choisi. A ce moment-là, effectivement, il déversera tout le bonheur qu'il ressent maintenant. A moi de savoir lire les petits signes que son corps, malgré tout, ne parvient pas à contenir.

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Pour Les Medicis (B&B)
Ficción GeneralEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...