Chapitre 21 - 2

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Nous échangeons quelques banalités, qui n'en sont pas vraiment dès lors que l'on pense au Président de la République, avant d'en venir aux raisons de ma présence.

« Je vous remercie sincèrement d'avoir accepté de vous déplacer. Après tout, si vous avez été nommé à Rome, ce n'est pas pour être de retour en France si régulièrement.

— J'ai pensé qu'il s'agissait d'une exception.

— Vous avez raison, je ne me permettrais pas de vous déranger.

— L'Élysée ne me dérange jamais.

— Commençons par cette affaire. Comment allez-vous ? Votre époux ?

— Nous tenons le choc. Nous avons connu pire.

— Je ne suis que la conseillère du Président, vous n'avez aucune raison de vous confier à moi. Mais puis-je savoir à quoi réfère votre allusion ? »

Je n'ai aucune raison de lui cacher que notre couple a été régulièrement attaqué, traîné dans la boue, en particulier pour des raisons de réputation ou de représentation complètement erronées. Si j'avais agi tel que certains l'ont dit, je ne parviendrais pas à me regarder dans une glace.

Elle sait pour notre rencontre, pour l'implication de Samuel à l'époque, pour les problématiques rencontrées à Sciences Po et ailleurs. Elle sait aussi que ma nomination à la Cour a calmé les charbons ardents, même s'ils ont continué à brûler, à tenter de piquer. Elle semble affectée par mes propos.

« Pourquoi diable tente-t-on ainsi de vous attaquer ?

— Vous qui êtes dans la politique, vous devez connaître la jalousie, les exaspérations, les rancœurs. Je n'ai jamais, intentionnellement, fait de mal autour de moi. Pourtant, c'est un fait, on a essayé de m'en faire.

— Vous avez été magistrat financier, vous êtes directeur de la Villa Médicis. La Président m'a demandé de vous transmettre ses vœux.

— Des vœux ?

— Des vœux sincères, pour que cette affaire se dissolve d'elle-même. Que les coupables soient appréhendés et que vous repreniez une vie normale.

— Je n'ai pas vraiment de vie normale, et je vous rassure, rien n'a changé. Je prendrai toujours autant soin des pensionnaires de l'Académie. Je suis en revanche très surpris que le Président soit informé de mes petits tracas.

— Vous êtes, en quelques sortes, un de nos ambassadeurs, même si vous n'êtes pas diplomate.

— C'est donc un intérêt politique, je comprends mieux.

— N'y voyez rien de méprisant ou d'utilitariste.

— Je ne le pensais pas. Chacun a ses raisons de s'intéresser à autrui.

— Et vous n'êtes pas en danger.

— Je sais, je ne suis pas sur un siège éjectable.

— Vous ne le serez jamais, pas un homme comme vous.

— Et quel homme suis-je ? ».

Sans un mot, une enveloppe glisse sous mes doigts.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant