C'est l'agitation de la ville qui nous réveille. Les Italiens donnent autant de voix que la réputation leur prête. La Piazza di Spagna a donc émergé de la nuit plus rapidement que nous, alors que nous n'avions guère abusé. Certes, après le restaurant, Alvaro s'est dévoilé tout particulièrement charmant puis charnel. J'imagine donc que notre sommeil n'a débuté qu'une ou deux heures après notre retour à l'hôtel.
Je n'ai jamais su résister aux propositions et aux avances de mon mari. Il suffit qu'il retire, comme hier soir, sa chemise lentement, bouton par bouton, tout en conservant sur lui le nœud-papillon défait pour que je perde toutes les armes qui auraient pu me défendre contre lui. Quand ses doigts viennent retirer délicatement mes propres vêtements, que ses ongles éraflent la peau de mes bras, que son nez se glisse dans mon cou, je ne veux plus répondre de rien.
Dans son regard flamboyant se cache alors une superbe dualité, oscillant entre la suprématie d'un homme conquérant capable d'abattre la ville entière et la fragilité des fleurs que nous croiserons dans les jardins de la Villa. En une seconde, en un mot, en un geste, je sais comment faire basculer mon amant.
Je ne m'en suis pas privé cette nuit d'ailleurs. Alors qu'il risquait de me faire atteindre un point de non-retour grâce à sa vigueur et à sa précision, mes mains glissantes sur son dos et sur son postérieur ont fait chavirer l'indiscipliné en un quémandant félin. Il n'a fallu que de quelques souples mouvements pour qu'il profite autrement de moi. Sans jamais me perdre des yeux.
J'aurais pu, afin de paraître romantique, commander un petit-déjeuner. A quoi bon alors que je n'aurais rien préparé. Je préfère qu'il choisisse lui-même et, en attendant, me décide à profiter du balcon. Il a l'immense avantage de dévoiler la place tout en demeurant à l'abri des regards. Ma tenue légère serait inconvenante sinon.
Deux mains rejoignent alors mon torse, bien différent du sien. Mon architecte de mari a toujours détesté les hommes musclés, et tant mieux pour moi. J'aurais tendance à dire que mon torse est une espèce de bloc de pierre non travaillé, un peu épais, sans que des formes spécifiques ne soient taillées. La comparaison l'amuse toujours.
« Alvaro, j'ai envie que l'on prenne le petit-déjeuner dehors.
— Tu penses qu'ils nous serviront encore à onze heures et demi ?
— Nous ferons tous les restaurants nécessaires.
— J'ai l'impression que tu as envie de passer la journée avec moi.
— Ne prends pas cet air malin, je sais que tu en mourrais d'envie.
— Peut-être que j'avais prévu de travailler sur un projet ou de recruter un jeune stagiaire.
— Tu n'auras qu'à prendre un des pensionnaires. Je n'ose imaginer ce dont les candidats seraient capables pour travailler avec toi.
— Tu surestimes ou bien mon charme ou bien mes compétences ».
Dit-il en laissant s'écouler sur le dos l'eau tiède d'une douche soudainement attrayante.
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...