Nous nous saluons poliment et, assise à la place que j'occupais tout à l'heure, se trouve Hélène. Son large sourire ne laisse la place à aucun doute : il n'y a pas de hasard.
« Bonjour, Eliot.
— Hélène, lui souris-je en baisant sa main.
— Je suis heureuse que nous puissions nous croiser. Enfin, que je puisse provoquer notre rencontre. Alvaro est dans la cour, je me suis permise de le faire pénétrer dans les lieux.
— Vous saviez donc que nous étions tous les deux ici ?
— Mon cabinet est en perpétuel communication avec les conseillers du président. Si le directeur de la Villa Medicis se déplace à l'Elysée, je ne peux qu'être informée.
— Je pensais plutôt à Alvaro.
— Je ne concevais pas que votre mari reste à l'hôtel ou encore à Rome ».
Nous descendons l'escalier sans que je n'aie réellement pu remercier la conseillère. J'en prends conscience trop tard, du moins jusqu'à ce que je discerne un signe de mains depuis le fenêtre du premier étage. J'y réponds timidement tandis qu'Hélène nous emmène dans les jardins du Palais.
Véritable passionnée, la ministre de la culture se meut en précieuse guide et nous conte les tumultes vécus au cœur de ce lieu de pouvoir. Alvaro, attentif, ne peut s'empêcher de jeter quelques regards curieux vers le palais et les balcons dans l'espoir, peut-être, de croiser l'occupant des lieux.
« Il est en déplacement à New-York, vous ne le croiserez pas, malheureusement » s'amuse Hélène.
Alvaro essaie de faire bonne figure mais ne parvient à masquer sa légère déception. Après quelques pas supplémentaires, la ministre s'arrête et nous propose de nous asseoir.
« J'imagine qu'elle vous a parlé de la manière dont vous alliez me quitter ? »
L'une des principales demandes de mon interlocutrice était claire : garder confidentielles les propositions qui avaient pu être énoncées dans ce bureau. Reste à déterminer l'étendue de cette confidentialité.
« Ne vous inquiétez pas, Eliot, je suis au courant. Ils n'ont qu'une envie, vous débaucher. On a dû vous parler des inspections, ou d'autres postes prestigieux.
— Tous les postes ont été mis sur la table.
— Même le mien.
— Pas le vôtre. Après mes années de direction, vous aurez quitté le ministère, nous le savons.
— Ce n'était pas une remarque aigrie, ne vous inquiétez pas. Mais le ministère a bien été sur la table.
— Oui ».
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...