Chapitre 14 - 1

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Il n'a fallu que de quelques jours pour que l'article et le reportage associé ne soient rendus publics. Une version a été envoyée au ministère avant publication, pour vérifier que je n'avais pas dépassé les cadres du politiquement correct, j'imagine. J'ai apprécié que le journaliste soit transparent avec moi.

Il n'a d'ailleurs pas menti. La photo d'Alvaro et moi est bien en couverture de l'article, tant sur la page dédiée que sur les réseaux sociaux. Encore une fois, l'identité de mon compagnon est respectée, du moins du point de vue de son visage. Son nom apparaît juste en-dessous, dans la légende.

J'ai appris que les hauts-fonctionnaires italiens grinçaient des dents. Je le souhaitais de tout cœur. Il faut dire que mes supérieurs ont pris un malin plaisir à envoyer une photocopie de l'article aux personnes concernées. Je n'aurais pas osé le faire de moi-même mais j'approuve sans réserve l'idée.

Cette nuit, Alvaro et moi avons de nouveau été invités à une soirée dédiée à la culture romaine. Nous n'y sommes restés qu'une heure. Aucun responsable culturel de premier plan n'était présent, ni même des représentants des principales associations pourtant rencontrées lors du dernier cocktail.

Comme si cet événement était une sorte de victuaille consacrée à une Rome cachée, dont les charmes secrets de la culture ne se dévoilaient pas sur un carton d'invitation mais plutôt au-détour d'un message plutôt codé. Mon secrétariat a d'ailleurs été très surpris lors de la réception de cet email.

Je l'ai immédiatement soumis à mon secrétaire général qui m'a confié ne rien savoir de ce type d'événement. Nous nous sommes donc retrouvés dans une ruelle non loin du Colisée pour finalement découvrir un hôtel luxueux dont j'ai apprécié l'architecture. Alvaro analysait d'ailleurs chaque mur avec son œil expert.

Nous avons été accueillis tels deux princes. Alvaro a été très rapidement repéré et s'est longuement entretenu avec des étudiants en architecture. Je l'ai laissé profiter de ce moment plaisant pour me concentrer sur la musique. Très douce, très calme. Elle enrobe le lieu. J'ai également échangé avec quelques artistes.

L'un d'entre eux s'est particulièrement intéressé à mon parcours mais s'est révélé bien trop indiscret. Il n'a pas hésité à être proche de moi, physiquement. Rien ne me déplaît plus. Pourtant, je dois bien comprendre qu'en Italie, la proximité ne peut être évitée. Ainsi sont mes interlocuteurs.

Au moment d'abandonner ces fouineurs, l'un d'entre eux vient rapidement poser sa joue contre la mienne, comme une bise rapide. Comme si nous étions en France. Je n'y prête pas d'attention et continue ma route pour retrouver Alvaro, qui n'est guère en meilleure posture. C'est ainsi que nous nous sommes extirpés.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant