Chapitre 8 - 2

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« Rome est magnifique de nuit. Ces lumières tamisées, comme si la ville était pudique et qu'elle refusait de laisser n'importe quel regard se poser sur elle ».

Tu as toujours été plus qu'un architecte capable de projeter dans l'espace un grain de folie. Je ne peux m'empêcher de ressentir ta corde vibrante, artistique, clairvoyante.

« Tu es le premier homme ».

Le premier homme, la première personne. Tu n'as jamais eu de doute. Tu t'es toujours senti homosexuel. Tu n'as pas eu de période trouble, de moment d'égarement, de déréalité. Tu savais.

« Le seul homme ».

Je le sais. Tu me l'as raconté. Parfois. Rarement. Tu es toujours discret sur ces sujets. Mais je le sais, Alvaro. Je suis ton premier amour. Et tu sais combien c'est réciproque. J'ai aimé, de manière déraisonnée parce que c'était impossible. Tu es mon premier amour réalisé. Ma première réalité.

« J'ai tellement besoin de toi ».

Je m'en veux de ne pas être entré plus tôt. Si tu as besoin de moi, je dois être là.

« Je t'aime, Alvaro. Je t'aime pour ça. Pour ce que tu me dis. Pour ce que tu es. Pour ce que tu fais, tout en étant persuadé que ce n'est rien. Tu ne prendras jamais assez la mesure de ce que l'amour a créé chez moi. Ton amour ».

Evidemment, quelques perles liquides viennent agrémenter mon propos et mon homme vient les écraser avec ses doigts légèrement abîmés par son travail. Ce n'est pas un professionnel manuel, mais ses multiples outils de dessin viennent à bout de la douceur de sa peau.

« Pourquoi faut-il que je pleure alors que je suis heureux d'être ici, d'être avec toi ? »

Parce qu'on a le droit de pleurer quand tout va bien. C'est une manière tout aussi satisfaisante de s'exprimer. Et ce d'autant plus que tu nous confonds, puisque c'est moi qui ai pleuré le premier.

« Je me souviens de notre rencontre. De la manière dont j'ai agi. De l'enthousiasme que j'ai pu mettre dans mes premiers mots. Je devais paraître confiant face l'ancien étudiant que tu étais. Moi je n'étais qu'un parmi tant d'autres. Pour moi, tu étais déjà, par ce que tu dégageais, un peu spécial. Comme si tu m'avais conquis avant même de me connaître ».

J'aimerais juste que nos corps soient débarrassés de leur peau. Que nous puissions faire éclater tous les sentiments qui nous parcourent et qu'ils fusionnent. Que nos sangs abreuvent nos deux cœurs et qu'ensemble ils exultent. A défaut, je ne peux qu'être au plus près de toi, par mon esprit, par mon âme, par mes mains.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant