Chapitre 8 - 1

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La journée a été longue, mais je commence à m'habituer à la chaleur romaine. Le soleil qui continue de briller alors qu'il ne devrait plus. Mais la Villa et sa hauteur ont cette magique capacité à suspendre le temps, à nous donner la possibilité de profiter encore davantage de la lumière. Rougie, orangée, elle marque ma rétine.

Je sais que je ne pourrai jamais m'habituer à ce paysage. Il va devenir ma tradition, mon repère. Et ce sera l'occasion de les partager avec Alvaro. Je sais combien Rome est pour nous une opportunité incroyable. Une apogée pour ce que nous vivons, pour ce que nous sommes. Ensemble, nous allons vivre.

Je rentre dans la Villa une fois la nuit tombée. L'obscurité de l'institution ne me fait pas peur, je me sens en quelques sortes enveloppé par cette noirceur. Comme si la nuit, l'inconnu, l'invisible étaient à mes côtés en attendant que je monte dans nos appartements privatifs. J'accélère le pas. J'ai envie de te retrouver.

Arrivés chez nous, puisqu'il s'agit bien de cela, au fond, je ne trouve pas la lumière espérée. Je reste en compagnie de l'épaisseur de la nuit. J'avance doucement, progressivement, pour enfin apercevoir un léger filet de lumière. Tu es là. Plongé dans ce nuage noir, malgré tout. Tu es torse nu. Non, tu as une chemise noire.

Dans ta main, un verre d'eau. Je suppose du moins. Le liquide transparent pourrait parfaitement être une liqueur, de la vodka, de l'eau de vie. Mais je sais que tu détestes ces alcools. Ils sont trop forts, trop rapides. Tu ne les tolères pas, parce que l'excès a toujours été réservé pour d'autres domaines de ta vie.

Je suis convaincu que tu m'as entendu arriver. Que tu sais que je ne suis plus très loin. Et si tu ne m'as pas entendu, alors tu auras senti ma présence. Parce que tu as la capacité de ressentir ce que je ressens. D'incorporer en toi, en profondeur, toutes mes émotions. Comme si tu avais connecté mon cœur au tien.

Je t'abandonne du regard quelques secondes pour prendre un verre et me servir de l'eau. J'en bois quelques gorgées et continue mon observation. Tu ne bouges pas, comme tu le fais parfois. Tu penses, peut-être à l'architecture, probablement à autre chose. Si tu parviens à me percer au jour si souvent, j'en suis aussi capable.

La lumière me laisse apercevoir tes yeux bleus, parce qu'il n'y a plus aucun doute, tu sais que je suis là. Tu me regardes du coin de l'œil, avec une pointe de déception ou, plutôt, de mélancolie. Ce n'est pas la nuit qui te rend mélancolique. C'est toi qui modifies la nuit. Mon amour.

« J'ai besoin de toi ».

Ces quelques mots, je ne sais pas qui les a prononcés. Toujours est-il qu'à cet instant je suis un genou à terre, contre toi. Pour écouter ou pour parler. 

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant