Chapitre 23 - 3

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Nous nous saluons toutes et tous et Hélène quitte aussi la salle quelques minutes. Je me retrouve donc seul dans cette grande salle vitrée, à dominer Paris sans comprendre pourquoi exactement nous étions ici, parmi les derniers étages d'un tel bâtiment.

J'ai conscience que mon travail à la Villa n'est qu'à ses balbutiements puisque, même si mon mandat continue de s'écouler, j'ai toutes les chances d'être renouvelé à ce poste. A moins, bien sûr, qu'entre temps, Paris ait eu de nouvelles ambitions pour moi. La question étant avant tout de m'assurer que mes propres envies soient cohérentes avec ces ambitions.

Mon réconfort vient des projets d'Alvaro, de sa capacité à rebondir. Ses souhaits sont incroyables et je n'aurais pas l'audace d'envisager de tels éclats. Malgré moi, mon nom se trouvera sur des plaques d'architectes, sur des cartes de visite, sur des sites internet : je sais déjà qu'Alvaro utilisera Preston.

C'est en quelque part une belle marque d'affection et d'amour envers moi. Même s'il pourrait utiliser nos deux noms. Je sais que c'est inenvisageable pour lui. Il s'est marié à moi, il a voulu prendre mon nom, rien d'autre ne changera. Il ne reviendra pas en arrière. C'est sa décision.

Il nous reste donc à gérer notre problème qui n'a que trop traîné. Même si les informations publiées dans la presse italienne ont été les seules, la calomnie qu'elles représentent restent dans mon âme des poids que je ne supporte pas. Je suis néanmoins surpris, je dois bien l'admettre, que cette attaque en soit restée là.

D'habitude, quand il s'agit de s'attaquer à la réputation d'un individu, les rumeurs sont gonflées, alimentées, multipliées, multiples aussi. Le calomniateur ne s'en tient pas à une offensive. Il décuple son énergie pour tenter de déstabiliser sa cible. Ce n'est pas le cas ici. Je ne comprends pas pourquoi.

Prépare-t-il un deuxième tir, une seconde rumeur ? Ou bien s'est-il passé quelque chose contrariant tous ses plans ? Je l'ignore. Je dois sans doute laisser tout ceci à Samuel, l'expert du sujet. Difficile de ne pas contrôler tout ce qui me concerne directement, tout de même. Je lui enverrai peut-être un message tout à l'heure.

Hélène, doucement, entre et, je la vois dans le reflet, m'observe face à la vue époustouflante.

« Merci d'avoir été là aujourd'hui.

— Je n'ai fait que défendre une politique dans laquelle je crois autant que vous.

— Vous auriez pu vous en tenir à une présence positive.

— Vous auriez pu vous en tenir à un SMS de soutien.

— Tout cela n'a rien à voir.

— Peut-être, mais je n'oublie pas que vous avez toujours été de mon côté.

— Je n'ai aucune raison de ne pas l'être ».

Sa main vient se poser sur mon épaule, tandis qu'elle évite que ses ongles ne viennent griffer ma chemise.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant