« As-tu conscience que si j'entends encore de nouveaux compliments sortir de ta bouche, je risque devoir te demander de quitter les lieux » lance Alvaro avec une pointe d'ironie. Mais seulement une pointe. Je vois dans son regard une autre pointe, tout aussi réelle, de jalousie.
Aurélien rougit donc une nouvelle fois et commence à se confondre en excuses. Avant que je ne puisse rétorquer, l'intéressé se justifie avec verve :
« Je ne cherche à m'immiscer dans aucun couple, ne vous inquiétez pas... Je reconnais simplement à Eliot des qualités qui ont tendance à m'impressionner. A ce stade, ce n'est pas physique, c'est simplement mental.
— Pourquoi crois-tu qu'il m'ait tant attiré lors de ces premiers échanges lorsque nous étions à Sciences Po ? Par-delà son physique qui m'a rapidement conquis – et heureusement, puisqu'il s'agit de mon mari désormais –, il m'a captivé en quelques mots.
— J'apprécie cette flopée de louanges mais n'oubliez pas que je suis à votre table. Ayez la décence d'attendre que je répondre à un appel ou que sais-je, ironisai-je.
— Je suis très sérieux, Eliot. Tu sous-estimes tes qualités, et notamment ta passion. Peu importe sa source, même les plus noires parfois, elle n'a de cesse de grandir et d'investir toutes les sphères. Vraiment toutes ».
Je comprends parfaitement son allusion à peine voilée à notre épanouie et néanmoins innovante vie de couple. Nous sommes clairement et évidemment déséquilibrés. Dans le sens d'une complémentarité folle. Quand il est éclatant, je suis timoré. Quand j'explose, il nous contient. Quand il est chagriné, je nous réconforte. Nous n'avons pas de phases d'émotions homogènes, et tant mieux.
Nous n'avons jamais sombré ou au contraire été dans les mêmes dynamiques. C'est assurément la force de ce que nous construisons. Le tour de l'autre vient juste après celui du premier. Sans parler des répercussions d'une telle force frivole dans notre vie sexuelle, qui a tant été au cœur des discussions de ces journalistes.
Pendant ce temps, Aurélien nous dévore des yeux, parce que nous l'avons oublié et que nous sommes en train de vivre un beau moment de télépathie.
« Vous n'imaginez pas ce qu'un couple comme vous peut représenter pour quelqu'un comme moi.
— Et qu'es-tu, au juste ?
— Un homme bisexuel qui n'a toujours pas trouvé comment vivre avec cette réalité ».
Notre fameuse farandole arrive à l'instant même où Alvaro allait répondre, prenant ma suite.
« Nous espérons que la Maison vous régalera ».
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...