Chapitre 5 - 1

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Sans que personne ne soit surpris, c'est Alvaro qui pilote notre installation au sein du logement de fonction. Il n'a que peu de latitudes en termes de décoration et d'aménagement du lieu, mais il tenait à s'occuper du transfert de nos affaires. Je sais, de surcroît, qu'il hésite à louer un bureau pour développer son portefeuille.

Il pourrait assurément choisir une pièce et la transformer en son bureau. Nous avons multiplié par trois la taille de notre habitation en quittant Paris, aucun risque qu'il soit dérangé. Néanmoins, et je le comprends dans son raisonnement, il s'interroge sur les risques d'association entre la Villa et ses activités.

Le ministère m'a donné son aval : il n'y a aucune forme de conflit entre les travaux d'Alvaro et l'Académie. Néanmoins, étant donné qu'il s'agit d'une activité artistique, ne risque-t-on pas de le confondre avec un pensionnaire ? Même si ceux-ci sont régis par des dispositions très strictes, tout le monde ne peut pas deviner instinctivement si ce cabinet est lié ou non à une bourse ou à une résidence.

Pendant que mon mari s'affaire tant à gérer la logistique qu'à réfléchir à sa future implantation, l'heure est venue pour moi de rencontrer pour la première fois, dans le cadre de mes fonctions, les pensionnaires de la Villa. Je n'ai aucune appréhension puisqu'au fond, les rapports que nous avons ne sont pas ceux que l'on pourrait imaginer entre un directeur d'académie, d'institut ou d'université et ses étudiants.

Mon prédécesseur par intérim m'attend dans ce qui est en passe de devenir mon bureau. Avant de quitter l'hôtel, je vérifie ma tenue une dernière fois, tant je souhaite qu'elle soit équilibrée. Vigilant, Alvaro se rapproche de moi et souligne :

« Tu as oublié tes chevalières. Ce serait dommage de négliger ta touche débridée.

— Tu me trouves débridé parce que j'ai des chevalières ?

— Non, parce que tes chevalières sont des animaux ! » sourit-il.

Il a raison, je ne sais pas résister aux collections de certains bijoutiers. J'espère que les romains ne défailliront pas de ce point de vue. Je dois continuer ma collection et être capable de créer des couples improbables, un aigle avec un tigre, un scorpion avec une scarabée, bref m'amuser.

« Pour le reste, tu es parfait. Je me réjouis de t'avoir fait acheter cette veste.

— Je t'ai demandé ton avis, j'étais déjà convaincu de la prendre, ne t'attribue pas tous les mérites !

— D'accord, j'exagère. Mais tu es particulièrement beau ainsi. Je crois que je vais installer mes bureaux dans la Villa. Hors de question de laisser d'autres yeux que les miens se poser sur toi.

— Tu n'as rien à craindre.

— Qu'un seul ose, et il fera le saut de l'ange depuis les balcons de la Villa.

— Tu es à croquer. Tu es terriblement sexy quand tu joues les possessifs. Et tu le sais. Mais nos prochains ébats seront dans la Villa, pas ici ».

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant