Chapitre 26 - 3

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Je me rends compte de cette solitude parce qu'elle me rappelle ce que j'ai pu vivre, la manière dont j'ai été ou dont j'aurais pu être séparé d'Alvaro.

« Tu as ta famille, tes amis, à Paris... Et nous t'avons privé d'eux.

— Non, non, je ne voulais pas que vous pensiez cela ! Je suis navré ! s'excite Aurélien.

— Ne le sois pas, c'est un fait. Je te souhaite de rentrer rapidement. Demain ou sous peu alors.

— Vous ne comprenez pas, disons que... je n'ai pas davantage de proches en France. Mais à Paris, je peux profiter de la ville tel que je le désire étant donné que j'y ai mes habitudes ».

La solitude de ce futur avocat me touche, parce que je crains qu'elle ne s'approfondisse avec le temps. Je serre la main d'Alvaro sur la table. Nous pensons à la même chose. A notre propre rapport à nos familles, à nos amis.

« Tu aurais du nous le dire, nous aurions pu...

— Je n'aurais pas accepté. Vous êtes nos clients jusqu'à ce soir minuit.

— Je comprends, bien sûr. Une forme de déontologie.

— Tout à fait.

— Me permets-tu un conseil, Aurélien ? demande Alvaro avec beaucoup de précautions.

— Je vous écoute.

— Tout d'abord, cesse de me vouvoyer. Et surtout, ne laisse pas tes peurs embrumer tes relations ».

Notre interlocuteur rougit pour la seconde fois de la soirée, sans que je ne saisisse pourquoi.

« J'ai vu que tu étais tout autant observateur des hommes que des femmes. La manière dont tu as tendrement observé nos mains. Tes attirances ont handicapé tes relations amicales, n'est-ce pas ?

— Je... Comment savez-vous que j'en ai peur...

— Parce que nous avons de nombreux amis bisexuels ou pansexuels. Ne te laisse pas enfermer par tes peurs. L'amitié est un précieux sentiment.

— Et même si le mélange des genres peut être ravageur, il faut savoir prendre des risques, ajoutai-je.

— Je peux me permettre de vous demander comment s'est déroulée votre rencontre ? »

Je souris et laisse la main à Alvaro :

« Disons que j'ai pris la décision la plus courageuse et la plus risquée de ma vie. J'ai vu cet homme, que je savais diplômé, au sein de l'école dans laquelle j'étais. Je suis allé à sa rencontre et il a accepté de m'accorder un rendez-vous.

— Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une telle soirée, lorsque j'ai accepté, souris-je.

— Nous nous sommes rapprochés chaque jour passant, puis nous avons passé le pas.

— Vous... Enfin, tu as su, quand tu l'as vu.

— Quand je l'ai entendu. Il était passionné. Et j'ai été séduit.

— Quelle chance, quel courage. Mais, c'est vrai, vous êtes passionnant, Eliot ».

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant