J'y découvre un dossier complet reprenant mes fonctions passées, les documents que j'ai pu produire, les références écrites par mes supérieurs ainsi que les candidatures que j'ai déposées pour la Villa.
« Pourquoi ?
— Pensez-vous que tous les hommes de votre génération ont un tel palmarès ?
— Je ne m'intéresse pas vraiment à leur parcours.
— Alors je le ferai pour vous : non. Vos rapports étaient brillants, capables de dire ce que vous pensiez sans jamais que vous ne puissiez être accusé de partialité.
— J'ai certaines convictions au sujet de l'avenir de la culture en France, en effet.
— C'est pour cette raison que vous avez été choisi. Et il faudra penser à l'après, Monsieur Preston ».
Nous y voilà. Après la Villa. Je n'ai aucune envie de commencer à réfléchir à tout ce qui pourrait se passer dans quelques années. Mon mandat est de trois ans, et aucune raison valable ne m'empêcherait de candidater de nouveau. Pas même les attaques sur les supposées mœurs d'Alvaro et moi.
Mon silence est justifié par les différents dossiers sous mes yeux, que je parcours comme si je découvrais tout de leur contenu. Pourtant, je suis l'auteur d'une grande partie. Un document nouveau s'ajoute, déposée par la conseillère :
« Pourquoi pas ceci ? »
Sur la feuille, une liste d'institutions de premier plan. Opéras, musées, salles spécifiques, châteaux. Y compris Versailles.
« Que signifie cette liste ? Je devrais choisir ?
— Pas du tout. Elle pourrait être tout à vous.
— Je vous demande pardon ?
— Vous êtes tributaire du politique, aujourd'hui, Monsieur Preston.
— Je ne compte pas me lancer dans de tels projets.
— Je ne vous demande pas d'être le prochain ministre de la culture. Bien que vous seriez excellent, au demeurant.
— Alors à quoi faites-vous référence ?
— 3 années à la Villa, peut-être davantage. Vous êtes énarque. Ancien magistrat. Je suis convaincu que vous seriez à votre place dans l'administration centrale.
— Je ne veux pas être directeur.
— Et inspecteur général ?
— L'inspection générale des affaires culturelles ?
— Par exemple. Ou celle des finances.
— Je suis quelque peu dérouté.
— Ou bien l'Opéra de Paris. Il aurait bien besoin de quelqu'un capable de compter.
— Pourquoi suis-je ici ?
— Parce que vous êtes un atout que personne ne nous volera ».
Son ton ferme me fait comprendre combien son propos est sincère.
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Pour Les Medicis (B&B)
Fiction généraleEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...