Chapitre 18 - 1

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Main dans la main, nous sortons de l'Opéra et nous arrêtons sur la place. Je ne fais rien d'autre que contempler une sorte de calme qui s'est soudainement affichée dans mon âme. Après des jours et des jours pendant lesquels j'étais survolté, me voici enfin serein. En paix. Avec moi-même, avec Alvaro, évidemment.

Le plus perturbant est assurément de ne pas avoir besoin de poser la question à Alvaro pour savoir que, pourtant, il a tout compris. Je le soupçonne même d'avoir tout fait pour créer les conditions idéales. Ce programme, si spécial, si cruel, comme son nom l'indique, n'est pas un hasard.

Il ne dit rien, mais il affiche un petit sourire satisfait. Il se sait vainqueur. Nous poursuivons notre balade pour enfin arriver non loin du Colisée. Encore lui. Il paraît que la rue adjacente au monument est en réalité une esquisse de lieux gays. Je crois en effet reconnaître quelques drapeaux multicolores.

Ce n'est néanmoins pas l'objet de notre visite du soir. Nous venons plutôt pour boire un cocktail, tout en profitant des couleurs cuivrées des pierres qui nous contemplent. Le silence n'est pas pesant mais je sens qu'il sera sous peu brisé, quand Alvaro aura pris les premières gorgées d'alcool.

Installés dans un restaurant sur les hauteurs, nous voyons donc le Colisée sous un angle tout à fait remarquable.

« Tu as failli me casser la main, tout à l'heure ».

Je réfléchis et ne me souviens pas avoir été particulièrement brutal lors de notre sortie. Ma moue interrogative le pousse à continuer :

« Pendant le concert. Les moments musicaux les plus intenses étaient accompagnés pour moi de sensations tout à fait ... disons, cruelles, elles aussi, sur mes phalanges ».

Il en rigole, fier de son trait d'esprit. De mon côté, je suis plutôt surpris. Je n'ai pas souvenir d'avoir pris sa main pendant mon espèce de transe.

« Je... Je suis désolé. C'était involontaire.

— Je sais. Mais c'est très bien ainsi.

— Parce que... ?

— Je te trouve particulièrement plus rayonnant désormais ».

Ce n'est pas impossible. La haine et la colère sont toujours marquées sur un visage. Sans doute se sont-elles quelque peu estompées désormais.

« Comment ne pas l'être en face de toi ? ».

Un peu de flatterie, plutôt sincère, n'a jamais été un drame.

Pour Les Medicis (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant