En attendant, je prends soin de mon mari et décide que nous allons déjeuner ensemble ce midi. Je réserve un restaurant non loin de la Villa, quitte à épouvanter mon secrétariat qui découvre que le directeur est capable de se charger lui-même de tâches logistiques. Certains manquent donc d'éducation et confient leur sphère privée à des collaborateurs chargés de leur vie professionnelle.
Je quitte mon bureau et retrouve Alvaro en pleine lecture, prêt à manger quelques fruits, sans douter pour terminer son petit-déjeuner. Je les lui ôte de la main – et de la bouche, donc –, quitte à susciter l'incompréhension ainsi qu'un peu de colère. Un vrai félin à qui nul ne doit retirer son festin.
« Ce midi, nous déjeunons ensemble pour me faire pardonner mon absence ce matin. Alors cesse de grignoter.
— Ce ne sont que des fruits.
— Peu importe.
— Tu n'as pas besoin de te faire pardonner, je ne t'en voulais pas.
— Laisse-moi trouver une excuse pour passer du temps avec toi ».
Je retourne à mes occupations en attendant que l'heure attendue arrive. Nous nous y rendons à pieds, silencieusement. Alvaro était en pleine lecture et je pense encore à mes dossiers. C'est une fois installés que nous commençons à pleinement échanger.
« Je voudrais que tu rencontres les pensionnaires de la Villa assez rapidement, si tu es d'accord.
— En fait, tu avais des demandes à me faire, d'où ce déjeuner.
— Etant donné que je n'ai pas attendu que nous ayons commandé, nous pouvons déjà partir, si tu le penses.
— Rabat-joie ! »
Une des premières leçons apprises au sujet d'Alvaro a toujours été de lui tenir tête. Il est brillant mais malicieux. Aussi amoureux soit-il, il ne cessera jamais de me taquiner et de me provoquer. Plus encore, je dirais que sa capacité à me titiller est complètement corrélée à son amour pour moi.
Je lui explique les raisons de ma demande, directement attenantes aux envies des pensionnaires eux-mêmes. Je ne lui cache pas non plus mon échange avec la Ministre, ni même mon souhait de défaire la mauvaise expérience d'hier soir. Il s'amuse d'un tel comportement protecteur.
« D'habitude, c'est moi qui dois te surveiller. L'inverse est plaisant.
— Je m'en voudrais que tu t'ennuies.
— Autant j'accepte que tu t'occupes de moi, autant je refuse que tu sois plus piquant que je ne le suis ! »
Il éclate de rire et bois quelques gorgées de son cocktail. Je crois que je ne demande rien d'autre que ce rire pour continuer à vivre dans cette ville. Il n'y a rien de meilleur que de percevoir son bonheur.
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Pour Les Medicis (B&B)
General FictionEliot Preston vient d'être nommé directeur de la prestigieuse Villa Medicis. Son compagnon, Alvaro, plus discret, moins explicite que lui, n'en reste pas moins son plus fidèle allié et soutien. Ensemble, ils débutent une nouvelle vie romaine, après...