Pour Les Medicis (B&B)

Chapitre 27 - 2

L'arrivée des gourmandises salées a eu raison de nos discussions personnelles. Aurélien, en revanche, ne cache pas son malaise à l'idée d'être invité ici sans pouvoir participer financièrement. Alvaro balaie la question et rappelle qu'il est ici pour affaires.

« Je peux vous demander quelles sont vos activités, exactement ?

— De l'architecture, si possible respectueuse de l'héritage urbain des villes.

— Je te coupe. N'écoute pas un traitre mot de tout ce qu'il pourrait te dire, Alvaro est bien trop modeste quand il s'agit de faire part de ses travaux. Il est l'un des architectes les plus reconnus de sa génération, si ce n'est de son temps. Pour des raisons que j'ignore, il ne mentionne pas ses cabinets dans les pays qui comptent dans la sphère internationale, ni ses innombrables contrats publics et privés.

— C'est impressionnant... lance timidement Aurélien.

— La raison de ce succès n'est pas anodine. Derrière ce qu'il appelle un héritage urbain des villes se cache en réalité une folie qui lui permet, alors qu'il utilise des matériaux et des styles ultramodernes, de rendre n'importe quelle de ses créations parfaitement solubles dans n'importe quel style de ville. C'est le magicien prodige de l'architecture ».

Alvaro lève les yeux au ciel. Il déteste que je le valorise autant mais il le mérite. Derrière son physique de mauvais garçon qui laisserait croire qu'il est l'enfant terrible de son domaine se cache en réalité l'esprit génial d'un phénoménal professionnel.

« Non seulement vous êtes un exemple en tant que couple, mais je me rends compte que vous êtes des références... L'un comme l'autre...

— Finalement, je vais t'autoriser à te passionner pour Eliot, je serais peut-être moins mal à l'aise, souffle Alvaro.

— Voici ce qui arrive quand on cherche à produire le même effet chez moi, Monsieur Preston » rigolai-je.

Nous dégustons notre apéritif et laissons les cocktails faire leur terrible effet. Nous commandons ensuite une large salade César que nous espérons digne de l'Olympe. Un plat si répandu ne peut pas être simpliste dans un tel établissement.

« Décidément, nous partageons maintenant un plat. Quitte à me répéter, nous essayons de coller aux rumeurs... »

Aurélien sourit et se permet de plaisanter à son tour :

« Je m'en voudrais d'être trop proche de mes clients... »

Pourtant, sa main s'aventure directement sur son portable et nous indique l'heure :

« Mais vous ne le serez plus dans quelques minutes ».

Il éclate de rire avant qu'Alvaro et moi n'ayons le temps de réagir. Pourtant, nos regards se sont croisés.