HEY, RUDY

J O U E T

Image ~ Andrew

- SIDE STORY -

Illyès avait stoppé Rudy dans son élan un peu trop entreprenant. Il n'avait pas envie d'aller plus loin sous le toit de la famille Soto et à cette heure de la nuit.

— Tu penses que Leni t'en voudrait ? Avait demandé Rudy en le laissant s'échapper de son emprise.

Cette question avait fait rire Illyès qui était descendu du plan de travail.

— On est pas en couple, il fait ce qu'il veut, et je fais ce que je veux. Mais j'ai quand même pas envie qu'il sache.

— Pourquoi ? Avait demandé Rudy à nouveau.

Illyès l'avait regardé, un silence s'était écoulé. Pas parce qu'il ne savait pas quoi dire, mais plutôt parce que la réponse lui paraissait évidente.

— Parce que je veux pas le blesser.

Rudy avait du mal à comprendre ce concept d'empathie. S'ils n'étaient pas ensemble, il se demandait pourquoi il prenait autant de précautions. Pour lui, se soucier des sentiments d'autrui était une perte de temps et n'amenait jamais que de la souffrance, en plus de soucis inutiles.

Illyès était repartit se coucher. Rudy sentit alors qu'il avait faillit dans sa mission. Il pensait qu'un simple baiser l'aurait fait tomber dans ses bras, mais son charme ne semblait pas opérer cette fois-ci. Il se mordit la lèvre en levant la tête vers le plafond. Pourquoi pas cette fois ? Pourquoi est ce qu'il semblait absolument indifférent à ses avances ? Son baiser paraissait pourtant bien vrai.

~

Chacun avait reprit sa petite vie tranquille après cet épisode qui devait rester à huis clos. Durant toutes leurs heures de travaux d'intéret généraux, Rudy avait eu le temps de penser, et même de penser un peu trop. Cela ne lui arrivait jamais de réfléchir profondément sur des choses qu'il jugeait futiles, il trouvait toujours un moyen d'échapper à sa tête.
Là, face au mur, il n'arrêtait pas de penser à l'attitude d'Illyès avec Leni, qui était bien différente de lorsque qu'il était avec lui. Il se demandait depuis combien de temps ces deux là se connaissaient.

Il s'obstina cependant à vouloir le conquérir, par curiosité ou bien par jalousie, cela lui importait peu. Il avait toujours été habitué à obtenir ce qu'il voulait, et cette fois ne lui ferait pas défaut. Illyès allait finir par craquer, il le savait.

Tandis qu'il balayait le sol d'une salle de classe vide, la porte s'ouvrit à la volée dans un gros fracas et Andrew débarqua essoufflé comme rarement. Rudy n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il le choppa par le bras et l'entraina dans le couloir.

— Tu m'expliques ce qu'il se passe ? Lui demanda Rudy en courant derrière lui.

— Jack et la clique de la mafia portuaire de l'autre jour... ils...

Mais il n'eut pas le temps de terminer. Il tenta de s'arrêter net après son virage vers les escaliers et glissa sur le carrelage avant de tomber sur les fesses. Rudy manqua de trébucher sur lui et releva les yeux. Madame Baldwin se tenait devant eux.

— Je peux savoir où vous courez comme ça les deux zigotos ?

Andrew se releva l'air maladroit et décontenancé. Il regardait l'escalier derrière la proviseure d'un air envieux. Il fallait vraiment qu'ils partent. Ne sachant plus quoi faire et dans un dernier élan d'espoir il se jeta dans les bras de madame Baldwin, l'enlaçant de toute ses forces. Elle écarta les bras comme un épouvantail, absolument déstabilisée par l'étrange animal qui était venu se coller à elle et qui la dépassait d'une tête.