4. Eh blondasse attends !

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ELLA LOMBARD

Juillet 2010

-Aller bouge toi ! Le secouais-je. J'croyais que t'étais habitué à te lever tôt !

Il pestait pour la énième fois alors qu'il n'était que neuf heures du matin, la journée commençait bien. Idriss était d'une humeur feignante ce matin, il n'avançait pas, c'était mou.

-Il est neuf heures doucement.. Souffle-t-il.

-Oh lala ! Malheur attention, faut pas trop le brusquer sinon il va nous clamser sur l'béton, mon chou. Ironisais-je. Aller accélère, j'vais pas les porter toute seule ces sacs. Râlais-je en soulevant un énième sac de gravier.

Il levait les yeux au ciel avant de se bouger enfin pour m'aider. Lui il ne fallait absolument pas le ménager, il était vraiment deux de tensions, alors ça l'aiderait pas. Saïd et mon grand-père étaient partis avec Hakim chez un fournisseur, alors nous n'étions que tous les deux sur le chantier avec Zam' mon fidèle allié évidemment.

-Tu fais quoi là ? Me demande-t-il.

-Je cherche mon chien. Lui répondis-je en ne le voyant pas dans les parages.

En temps normal il n'était jamais très loin, mais bizarrement il n'était plus dans mon champ de vision chose inhabituel. Et ça m'inquiétais beaucoup, ce n'était pas son genre de s'éloigner, du moins il finissait toujours par revenir.

-Zam' ! L'appelais-je.

Seul le bruit des voitures au loin résonnaient dans mes oreilles, aucunes traces du Jack qui pourrait me laisser penser qu'il serait dans le coin.

-Idriss tu peux aller voir de l'autre côté s'il te plaît ? Lui demandais-je en partant dans le sens inverse du brun.

Pour une fois il ne posait pas de questions et il courrait pour chercher mon chien. Je quittais même le chantier pour aller sur la route voir si je ne l'apercevais pas, mais toujours rien. Mon rythme cardiaque commençait à s'accélérer, s'il avait fait une connerie ou même s'il disparaissait j'allais encore en prendre pour mon grade de la part de mon grand-père. Ce chien c'est toute ma vie, si je viens à le perdre je le vivrais super mal. Je l'ai récupéré peu de temps après être venue m'installer chez mes grands-parents, il était à la SPA et avait été abandonné. Depuis je m'étais faite la promesse de toujours être là pour lui et de ne jamais le laisser seul. Et le fait qu'il ait disparu m'inquiétais, il était très intelligent mais je ne voulais pas qu'il pense que je voulais l'abandonner, bien au contraire.

-Zam' viens mon chien ! Tentais-je. Zam' s'te plaît c'est pas drôle !

Je savais pertinemment que ça ne mènerait à rien, je l'appelais comme s'il allait me répondre : "oui je suis là". Je décidais de rejoindre Idriss qui était près des parpaings mais lui non plus ne l'avait pas trouvé.

-Idriss tu l'as pas vu ? Lui demandais-je inquiète.

Il tournait la tête de gauche à droite avec un regard qui se voulait triste. On se connaissait depuis peu, mais il avait l'air de savoir à quel point mon chien était important pour moi.

-Il peut pas être bien loin..

-S'il lui arrive quelque chose je ne me le pardonnerais jamais.. Soufflais-je.

-Eh c'est pas le moment de nous faire une dépression, tu crois qu'il va avoir envie de revenir si tu t'mets à chialer ?

Je secouais la tête de gauche à droite. Ce que j'appréciais chez Idriss c'est qu'il était un peu comme moi, il n'aimait pas les choses tristes. Quand il voyait les gens tristes, il se sentait obligé de sortir une connerie, parce que voir les gens chialer c'était badant de fou. J'étais un peu pareille, quand quelqu'un était triste ou avait un coup de mou j'essayais d'le faire tourner à l'humour. C'était toujours mieux que de rester là les bras ballants à attendre que l'autre fasse une dépression.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant