109. S'il est heureux..

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ELLA LOMBARD

19 Août 2016

Je crois que c'était la première fois que nous ne faisions rien de la journée. En temps normal, chaque journée est rythmée par Taïm. Et tu n'as jamais le temps de t'ennuyer, même si les jours sont tous différents avec lui. Mais aujourd'hui Taïm n'est pas là. Ni avec Hakim, et ni avec moi. C'est même presque étrange qu'il ne soit pas là. Je n'entends pas son rire entre les quatre murs de sa chambre. Je n'entends pas ses petits pas trottiner jusqu'à moi. Je n'entends pas non plus sa petite voix quand il est face à ses dessins-animés. Sa présence me manque, mais je dois avouer que ne pas avoir un petit monstre dans mes pieds me procure le plus grand bien également. C'est la première fois depuis un long moment que j'ai pu faire une grasse matinée, et en plus de ça, j'ai eu la chance de tomber nez à nez avec Hakim au réveil. Il est certain que je ne pouvais pas imaginer un autre réveil que celui-ci. Tous les souvenirs de la veille m'étaient revenus instantanément en tête, et c'était clairement la meilleure façon de démarrer ma journée.

Pourtant je n'ai pas bougé, je suis restée là à le regarder dormir pendant de longues minutes. C'était sans doute bizarre, mais quand Hakim dormait, il était une toute autre personne. Ce n'était pas l'homme sombre que certains connaissaient. Ce n'était pas non plus, la personne dure, froide et sans cœur comme on pouvait l'imaginer. Quand Hakim dormait, on avait plus l'impression qu'il avait un fin sourire sur les lèvres. Il avait cet air plus "doux", mais ce que la plupart des gens ne savaient pas, c'est qu'il l'était au quotidien. C'était juste une carapace qu'il s'était forgé avec le temps, car quand on le connaît un peu plus, il n'est rien de tout ça. Il avait finit par ouvrir les yeux, et son regard avait croisé le mien. Et je n'avais pas pu résister à la tentation de poser mes lèvres sur les siennes. La tension était encore montée d'un cran, et nous avions donc choisi de se faire livrer à manger à l'appart', n'ayant pas la motivation de sortir. Nous avions donc mangé tous les deux, avachis dans le canapé. Ça m'a d'ailleurs rappelé l'époque où nous restions tous les deux, pendant que le reste du groupe était en soirée chez les uns et les autres.

-Il est quelle heure ? Me demande-t-il en se réinstallant correctement dans le canapé.

-Dix-huit heures pourquoi ? Lui demandais-je en relevant la tête vers lui.

-T'es sah ?! Me lance-t-il.

Les sourcils froncés, je jetais une nouvelle fois un coup d'œil à mon téléphone. Ce dernier affichait bel et bien, dix-huit heures et deux minutes.

-Bah oui, regarde. Lui dis-je en lui mettant mon téléphone sous le nez.

En un instant il attrape la télécommande, la télé face à nous se coupe, et il ne perd pas une seconde avant de se lever.

-J'vais me faire tuer.. Souffle-t-il.

Sans rien répondre, je l'observe la tête penchée sur le côté et les sourcils toujours froncés.

-La soirée. Me dit-il. Andréa et tout l'groupe nous attendent. Ajoute-t-il.

-Mais tu pouvais pas le dire plus tôt ? Lançais-je en faisant un bond du canapé. Faut y être à qu'elle heure ?

-Dix-neuf heures trente. Me dit-il. On y sera jamais à temps.

-En effet, on est déjà suffisamment en retard. Soufflais-je en fonçant dans ma chambre pour aller chercher des vêtements. Va à la douche en attendant hein ! M'écriais-je pour qu'il se bouge.

Je n'savais même pas comment je devais venir habillée. C'était une soirée tranquille, posée avec juste le groupe dans l'appartement de l'un d'eux ? Ou bien peut-être que nous sortions quelque part ? Je ne savais rien, je savais juste que je devais me dépêcher pour ne pas que nous soyons plus en retard que nous le sommes déjà. Je tournais instinctivement la tête vers la fenêtre pour voir le temps —et surtout la chaleur— qu'il faisait à l'extérieur. Mais à part un faible rayon de soleil qui passait à travers les volets fermés, je ne voyais rien. Je quittais rapidement mon armoire avant de venir ouvrir mes volets. Et je fermais directement les yeux, éblouie par le soleil qui tapait pile poil dans ma chambre.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant