36. C'est fini, c'est ça ?

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ELLA LOMBARD

29 Novembre 2011

L'impression de se sentir seule, incomprise. Cette envie profonde d'hurler au monde entier toute la tristesse et toute la colère qu'on peut ressentir au fond de sois. Mais la seule solution est de rester silencieuse, muette, le regard dans le vide à attendre qu'un miracle se produise. Mais il ne se passe rien, absolument rien. C'est le néant total, c'est un peu se retrouver seule face à sois-même. On a beau tout refouler, et nier le plus possible, ça ne dure qu'un temps, car tout finit par se briser et finir en poussière. À partir de ce moment-là, tu n'as plus le choix, tu dois prendre le taureau par les cornes et accepter le truc en pleine face.

J'ai fixé longuement le mur jauni qui se trouvait en face de moi, assise en tailleur à même le sol, les yeux gonflés et rougis par la tonnes de larmes que j'ai pu verser. Rien n'a changé. Si ce n'est que je me sente encore plus seule que je ne l'étais. J'comprends pas où ça à pu merder, où j'ai pu merder. J'arrive pas à savoir car j'étais là et je n'ai rien vu venir, je n'ai rien entendu non plus. Et pourtant mon cerveau n'a pas mis longtemps avant de comprendre, sauf qu'une autre partie de moi n'arrive pas à le faire, c'est impossible. On a tenté de me rassurer, de me dire que ça aller bien se passer et que tout rentrerait dans l'ordre, je n'y crois pas une seule seconde. Je me suis déjà faite à l'idée, et même si j'aimerais le contraire, j'ai déjà compris. On pourra me dire ce que l'on veut, je ne suis pas bête, loin de là.

-Mademoiselle ? M'appelle une femme. Je peux vous parler à l'écart ?

Et je n'ai pas besoin de voir son regard, j'ai regardé beaucoup trop de films pour savoir ce qu'elle va m'annoncer.

-Pas besoin.. Soufflais-je. J'ai compris, c'est fini c'est ça ?

Je relève doucement la tête avant de la voir s'abaisser à ma hauteur.

-Je suis désolée. Me dit-elle. On a fait notre maximum, mais son cœur était trop faible, même si nous l'avions réanimé elle n'aurait pas pu tenir jusqu'à l'hôpital..

Je hoche la tête, bien consciente que c'était exactement la même fin que je m'étais imaginé. Un fin sourire apparût sur mes lèvres et je haussais les épaules.

-Je peux la voir ? Lui demandais-je.

-Vous savez, je ne pense pas que se soit une bonne idée..

-S'il vous plaît.. Je.. J'ai plus personne.. Avouais-je.

Elle me fait signe de patienter avant de disparaître dans la pièce à côté. J'observe autour de moi, tout me parait fade, les choses d'avant n'ont plus de goûts. Ce genre de goût amer que l'on avait dans la bouche et qui avait la fâcheuse manie de ne jamais vouloir partir.

-Mademoiselle, vous pouvez venir.

Je me tiens au mur pour m'aider à me relever, je m'avance doucement vers la pièce qu'elle m'indique, soit la cuisine. Un saladier se trouve en morceaux au sol, un verre d'eau est renversé sur le plan de travail et plusieurs boîtes de cachets sont empilés les unes sur les autres. Puis elle est là, allongée à même le sol, les paupières fermées et le visage pâle. Et la réalité me frappe encore plus, mon monde s'écroule, et cette fois-ci je suis bel et bien seule. Je n'ai plus personne, et pourtant ce départ est inattendu, si d'autres s'y préparent, moi ce n'est pas le cas et je n'aurais jamais pu le faire. La femme pose sa main sur mon épaule avant de retourner dans le salon. Tremblante je m'approche du corps au sol avant de m'asseoir en tailleur devant elle.

-Je.. Je suis désolée Mamie.. Je n'ai pas su être là pour toi et je m'en voudrais toute ma vie.. Reniflais-je. Merci.. Merci pour tout..

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant