FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRA

39. Pour quelqu'un que ?

(la date n'était même pas faite exprès pour le coup..) Je vous souhaite à toutes de bonnes fêtes pour celles qui font quelque chose, on se retrouve demain à 18h ! Et bon réveillon à vous 🫶

ELLA LOMBARD

24 Décembre 2011

Avec difficultés je montais les dernières marches de mon immeuble avant de poser les deux gros sacs de courses que j'avais dans les mains. Je sortais les clés de l'appartement de mes poches avant d'ouvrir la porte d'entrée, Idriss arrivait au même moment avec deux gros sacs dans ses mains lui aussi. Je poussais les sacs à l'intérieur de l'appartement à l'aide de mes pieds, et je claquais la porte une fois que mon meilleur ami était rentré lui aussi.

-Je les poses où ? Me demande-t-il.

-Sur l'îlot dans la cuisine. Lui indiquais-je.

Voyant que je galérais avec les sacs, il les prenait avant d'aller les poser dans la cuisine. Aujourd'hui était un jour particulier puisque c'était la veille de Noël, les garçons ne le fêtaient pas et exceptionnellement je ne le fêtais pas non plus cette année n'ayant plus personne avec qui le faire. Alors les garçons et particulièrement Idriss avaient insisté pour venir ce soir avec Sofia, cette dernière avait donné une liste de course à Idriss pour acheter le nécessaire pour faire un couscous algérien. Nous étions donc partis pendant deux heures dans un supermarché pour trouver tout ce qu'il fallait pour avoir le nécessaire pour la recette.

-On vérifie qu'on a rien oublié ? Lui demandais-je.

Il me tendait la liste tendit qu'il sortait tous les ingrédients des sacs.

-J'ai trois carottes, trois courgettes, deux pomme de terre, des pois-chiche, de la cannelle, de la sauce tomate et du paprika et évidemment de la semoule et du poulet.

-C'est bon. Lui indiquais-je. Le reste il y en avait déjà ici.

On rangeait alors les courses avant d'aller se poser dans le salon. Il en profitait pour prévenir Sofia pour qu'elle vienne préparer le repas assez tôt, histoire que se soit prêt avant qu'il ne soit trop tard. La télé en fond j'observais la pièce dans laquelle je me trouvais. Les photos au mur et sur certains meubles n'avaient pas bougés, mais ce qui attirait le plus mon attention était une caisse en plastique. Je tournais légèrement la tête pour apercevoir mon meilleur ami au téléphone avec sa grand-mère sûrement. Je décidais de me lever et de m'approcher de cette fameuse caisse, elle était remplie de cassettes à écouter. J'en pris une au hasard où l'inscription faite au marqueur attire mon attention : "Ella enfant". Intriguée j'insère la cassette dans un lecteur prévu à cet effet, je branche les écouteurs avant de retourner m'asseoir dans le canapé qui fait dos à la cuisine. Soudainement la voix de ma mère et de ma grand-mère se font entendre et il ne faut pas plusieurs secondes avant qu'une toute petite voix se fasse entendre.

"-Qu'est-ce que t'es en train de faire ma poupette ? Demande la voix de ma grand-mère.

-Des cêpes !

-Des crêpes Ella, et t'es contente ? Avait-elle ajouté.

-Uiii ! Trop contente, trop heureuse.."

Je mettais pause sur le lecteur avant de laisser mon regard divaguer dans le vide. "Trop heureuse". J'arrivais pas à comprendre où ça avait pu déraper. J'arrivais pas parce que rien dans cet enregistrement ne laissait supposer qu'on en arriverait là. Rien qui n'aurait pu alerter qui que se soit sur la suite des évènements. Et je m'en veux, je m'en veux pour ce qu'il c'est passé dernièrement. Je m'en veux d'avoir laisser mes grands-parents gérer ça, sans rien dire. Mais surtout j'en veux à ma mère, car si elle n'avait pas décidé de foutre la merde, ni elle, ni moi en serions là aujourd'hui. Et je ne lui pardonnerai jamais de tout le mal qu'elle a pu faire, que se soit à moi, ou même à mes grands-parents. Elle n'était pas là quand j'en ai eu le plus besoin, alors il est hors de question qu'elle revienne du jour au lendemain comme une fleur. Il est strictement impossible que je la laisse faire quoi que se soit. Dans un geste violent, je balance le lecteur audio au sol qui s'éclate en plusieurs morceaux complètement bousillé. Une partie de moi s'en veut, mais celle qui est en colère et qui a la haine n'a aucuns regrets. Et je ne veux pas vivre avec ça, du moins je ne veux plus. Les erreurs de ma génitrice ne sont pas les miennes mais malgré tout c'est moi qui en subit les conséquences à l'heure d'aujourd'hui.