FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRA

8. Sah ?!

ELLA LOMBARD

Juillet 2010

-Arrête de gigoter comme ça. On y est.

Je me crispais sur mon siège le regard dans le vide.

-J'ai peur Mamie. Avouais-je.

-Moi je suis sûre que tu l'as. Me dit-elle. T'as beaucoup bossée pour ça, je n'ai aucuns doutes là-dessus. Aller vas-y, je t'attends ici.

Je prends une grande inspiration avant de poser un pied en dehors de la voiture. La chaleur me frappe une fois de plus le visage et je pourrais fondre sur place tant je stresse. Je m'avance doucement vers l'entrée du lycée, et plus j'avance plus mon angoisse augmente. Si je ne l'ai pas, je devrais refaire une année, et en plus de ça j'aurais mon grand-père sur le dos pour un bon bout de temps. Et personne n'aime avoir mon grand-père sur le dos.

-Alors Alé' ça va ? Me demande Quentin un de mes amis.

Je tourne la tête de gauche à droite en me tenant le ventre. La sensation est horrible, tout va se jouer sur une stupide feuille blanche. Je vois certaines personnes de ma classe pousser des cris heureux d'avoir le bac, d'autres sont aux rattrapages mais d'après eux aucuns d'eux ne l'a pas. Mais je ne peux pas m'empêcher de stresser, même si je vais aux rattrapages ça sera une grosse défaite pour moi. Je passe mon temps à me surpasser, je me suis bousillée le cerveau pour l'obtenir. Alors si j'échoue, ça sera bien plus qu'une défaite pour moi.

-Vas-y. Me dit mon ami.

Je tourne une nouvelle fois la tête de gauche à droite, je lui fais signe de regarder ses résultats d'abord. Même si je sais que je me fais du mal à me faire attendre aussi longtemps.

-Alors ? Lui demandais-je impatiente.

-Je l'ai avec mention bien ! Me dit-il un sourire jusqu'aux oreilles.

Même si je suis super heureuse pour lui je ne peux pas m'empêcher de faire une moue, parce que j'aurais clairement le seum si je ne l'ai pas. J'inspire et expire longuement avant de m'avancer vers la feuille, je cherche mon nom de famille et je le vois enfin apparaître. Je fixe longuement la réponse avant de hocher la tête et de rejoindre Quentin un peu plus loin.

-Alors Alé' dis quelque chose !

Je pousse un profond soupir avant de le regarder droit dans les yeux.

***

-Je te dépose là, il n'y a jamais de places ici.

Je sors de la voiture de ma grand-mère en traînant des pieds, la journée n'est pas encore finie qu'elle risque d'être longue. En plus Zam' est resté à l'appartement aujourd'hui exceptionnellement, je commence à penser sérieusement que mon grand-père ne l'aime pas, il ne le prend jamais avec lui. Je m'avance sur le chantier avant que la voix de mon ami m'arrive jusqu'aux oreilles.

-Alors ?! S'écrit-il. T'es bachelière où pas ?

Je continue de regarder le sol en m'avançant vers lui. Je voulais laisser planer le suspense jusqu'au bout.

-Ella tu peux lui répondre s'il te plaît ? Me demande mon grand-père.

-Pourquoi t'as pas pris Zam' ? Demandais-je en ignorant complètement leurs questions.

-Jeune fille, on ne répond pas à une question par une question ! Me lance Saïd qui a l'air tout aussi impatient.

Je triture mes doigts entre eux, peu importe quelle sera ma réponse, mon grand-père sera déçu. Il n'a jamais été d'accord avec mes choix scolaires, que ma réponse soit positive ou négative, les traits de son visage seront les mêmes. Je n'y verrais pas une once de fierté, et c'est peut-être ce qui me blesse le plus au quotidien.