16. Même un aveugle pourrait l'voir..

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ELLA LOMBARD

27 Août 2010

Je saluais Yllias avant de passer le pas de la porte du magasin. Une fois dehors je penchais ma tête en avant tout en rassemblant mes cheveux frisés dans un chignon mal fait. Quelques mèches blondes glissent devant mes yeux avant que je les fasse glisser derrière mes oreilles. Je retirais ma polaire la passant autour de ma taille, pour finir par l'attacher, je tirais grossièrement sur les manches pour faire en sorte que ma veste ne glisse pas. J'entamais ma marche juste après, mettant mes mains de part et d'autres devant mon visage, je faisais du vent avec histoire de trouver un peu de fraîcheur, il faisait une chaleur de pute. Autant dans le garage il faisait frais, j'avais limite froid, autant la température de dehors était étouffante.

-Ella ?

Je jetais un œil vers la personne qui venait de m'appeler. Idriss se trouvait justement sur ma droite, je me permettais de le détailler quelques secondes. Comme toujours il portait son éternelle casquette sur son gros crâne, un teeshirt blanc à l'effigie d'une marque et un short de survêtement, et au vu de la chaleur je n'étais pas vraiment surprise de sa tenue. Un peu plus d'une semaine était passée depuis mon anniversaire, une semaine durant laquelle j'ai pris le temps de me recentrer sur moi-même et de me rendre compte de ce qu'il c'était passé. J'avais remis énormément de choses en questions, mais je m'étais consacrée à cent pourcents dans mon travail, et quand j'étais présente chez moi, je passais le plus clair de mon temps avec Zam'. C'était surtout une semaine où j'avais simplement ignorais les garçons, je n'avais pas cherchais à les joindre et eux non plus. Au final, ce n'était peut-être pas plus mal, ça m'évitais de repenser à ce que m'avait balancé Hakim, et surtout ça m'évitais de devoir assumer la vérité en face. Je poussais un profond soupir avant de m'arrêter et de me tourner vers mon ami.

-Tu vas bien ? Lui demandais-je innocemment.

Je relevais la tête vers lui, tentant un sourire qui ne me convainquais pas moi-même. Le brun hausse un sourcil en l'air, avant de me fixer intensément.

-Bah moi tranquille ma reuss, mais vu ta gueule, toi ça va pas.

Je fronce les sourcils feignant l'innocence, j'avais très bien réussie à faire semblant durant toute la semaine. Et évidemment il faut qu'il se pointe devant moi pour que je perde tous mes moyens, mais je peux pas, j'ai pas le droit de craquer. Son frère serait trop content de savoir que ce qu'il m'avait dit m'ai touché. Et il est hors de question que je lui donne raison alors qu'il c'est comporté comme le plus gros des connards.

-Je vais très bien je..

-Tu repars comment ? Me coupe-t-il soudainement.

-En bus. Lui indiquais-je.

Il hoche simplement la tête avant de passer son bras autour de mes épaules me tirant contre lui, comme à son habitude. Je serrais mes paupières du plus fort que je le pouvais me remémorant les paroles crues d'Hakim, puis comme un automatisme je posais ma tête sur l'épaule de mon ami. Sa main frottait contre mon bras de la même façon que le faisait ma grand-mère dans mon dos quand j'étais plus jeune. Ce geste me détendait immédiatement me rappelant les fois où elle l'avait fait pour me rassurer. Si Idriss agissait de la sorte avec moi, c'est qu'il ne devait sans doutes pas être au courant de ce que m'a dit son frère, mais il me paraît logique qu'Hakim ne s'en soit pas vanté, et heureusement d'ailleurs.

-Tu veux bien m'dire c'que t'as ? Dit-il en mettant fin au silence. Parce que tu peux m'dire qu'tu vas très bien, ta tronche dit l'contraire, et j'pense que ta disparition le jour de ton anniv' en est pour quelque chose. Puis t'as des cernes ma reuss, on dirait qu't'as pas mi-dor depuis deux jours encore.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant