114. Elle a dû croiser Zam'..

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ELLA LOMBARD

3 Février 2017

Si je devais décrire ce que je ressens depuis deux semaines, ça ne serait pas bien compliqué. Le vide et le néant. Si je devais décrire ce que je vis depuis deux semaines, ça ne serait pas compliqué non plus. Un cauchemar et un calvaire. Je suis chez Hakim et Idriss depuis que je suis sortie de l'hôpital, et je ne suis pas sortie de chez eux depuis. Je suis une loque, je reste toute la journée dans le lit, les seules fois où je me lève c'est pour aller jusqu'à la salle de bain. Soit j'y vais pour aller aux toilettes vomir tout ce que j'avale, soit pour prendre une douche après un énième cauchemar où je me réveille en nage. Mais ce midi-là j'ai accepté —ou disons que je n'ai pas eu le choix— de sortir de mon lit. Je repousse cette étape depuis un petit moment, mais je n'ai plus le choix, les garçons ont prévu ce voyage depuis un moment, et je ne peux pas leur faire faux bond. Alors j'ai accepté de me lever et de prendre la route en direction de Roissy, et nous avons atterris au petit matin au Mexique. Les garçons ont récupéré les voitures de location et nous sommes arrivés à la villa en fin de matinée, et je n'ai pas perdue une seconde avant d'aller me mettre en boule dans le lit qu'Hakim avait soigneusement choisi pour nous. Et Taïm épuisé du voyage n'a pas tardé à me rejoindre à son tour.

-Omri. M'apelle une voix qui me fait sortir de mon sommeil peu profond. On va passer à table, tu viens ?

La seconde d'après la porte de la chambre s'ouvre laissant entrer la lumière, je plonge mon visage dans le cou de Taïm me cachant de toute lumière. Je sens le lit s'affaisser à mes côtés et l'instant d'après une main passe dans mes cheveux.

-Omri s'te plaît.. Souffle-t-il dans mon oreille.

-Ça sert à rien que j'mange. Râlais-je. J'vais tout revomir de toute façon..

-Andréa a pris des médicaments justement. Me dit-il. Faut qu'tu manges, tu peux pas rester sous la couette toute la journée..

Je tourne ma tête vers Taïm avant de passer plusieurs fois ma main dans ses petites boucles.

-Mon chat. Soufflais-je en le prenant contre moi. Tu vas manger avec Nana'..?

Il commence doucement à gesticuler dans tous les sens avant de s'asseoir dans le lit.

-Nana' ? Demande-t-il.

-Ouais mon cœur, elle t'attend en bas, tu y vas ?

En deux secondes ses yeux sont grands ouverts et il est debout dans le lit. Je le prends contre moi avant de le faire descendre du lit, il ne perd pas une seconde avant de trottiner et de disparaître de la chambre. Il disparaît, comme mon sourire quand mes yeux se reposent sur Hakim toujours installé au bord du lit, les yeux rivés sur moi.

-J'ai pas faim de toute façon. Lui dis-je en me recouchant dans le lit.

-Ouais. Souffle-t-il. Ça doit être ça, t'as pas faim. Répète-t-il.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Lui demandais-je en me retournant une nouvelle fois vers lui.

Je le vois se frotter le visage avec ses mains avant qu'elles ne viennent trouver mes jambes nues.

-C'que j'veux t'dire Ella, c'est que j'peux comprendre que t'ailles mal. Me dit-il. J'peux comprendre que t'aies plus envie d'rien faire, que tu sois triste, et qu'tu veuilles voir personne. Énumère-t-il. Et même si c'est super dur à entendre c'que j'vais te dire, tu peux rien y faire, qu'tu l'veuilles ou non ça n'la fera pas revenir. Et j'sais qu'c'est dur à encaisser, j'le sais parce que même moi j'y arrive pas..

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant