113. Ma femme et mon fils.

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HAKIM AKROUR

18 Janvier 2017

J'crois qu'j'étais prêt à tout entendre, tout mais pas ça. Parce qu'il y a bien une chose qui comptait plus que tout à mes yeuz après mon reuf, c'était bien eux. Mais on avait pas l'droit, s'il y a une chose qu'on avait pas le droit de m'enlever c'était bien ma femme et mon fils. Car dès que ça les concernaient, j'pouvais devenir taré, complètement taré même. J'pouvais même devenir très méchant, et Dieu seul sait que c'était pas dans mes habitudes. J'étais distant et froid, mais pas méchant.

-Haks tu veux que..

-J'veux que t'ailles la voir et que tu bouges pas, tu bouges pas jusqu'à c'que j'revienne ok ? Claquais-je en le fixant longuement.

J'aimais pas être comme ça avec lui, surtout dans c'genre de situation. Ça faisait ressortir des que-tru chez oim que j'aimais pas, genre vraiment pas. Mais c'était plus fort que moi, j'pouvais pas contrôler. Il mit plusieurs secondes —secondes durant lesquelles il me fixait— avant de hocher la tête de haut en bas, de me faire une accolade avant d'me tourner l'dos et d'partir en trottinant. J'perdais pas une seconde avant de rejoindre le service de pédiatrie, et j'avais pas b'soin d'demander où il était, suffisait juste d'ouvrir grand ses oreilles pour l'deviner.

-Wesh Taïm. Soufflais-je en poussant la porte de la chambre.

J'avais même plus la force d'entendre ses hurlements, j'refermais simplement mes bras autour de lui le serrant de toutes mes forces. Et c'était pas dans mes habitudes de dire ça, c'était plus celles d'Ella, mais quand ses p'tits bras se referment autour d'mon cou, ma respiration est redevenue plus ou moins normale. Car pour qu'elle soit totalement normale, il manque une personne, et cette personne elle n'est pas là.

-Maman.. Renifle-t-il. Maman..

C'était pour m'abattre, cette voix remplie d'inquiétude c'était pour m'abattre. Cette supplication dans sa voix, c'était définitivement fait pour m'faire craquer. Mais j'pouvais pas, pas devant lui, j'avais pas l'droit. J'devais garder la tête haute, et faire genre que tout allait bien. Alors qu'la putain de vérité c'est que moi aussi j'flippais, j'flippais grave même. Car j'savais pas où elle était, ni avec qui, ni c'qu'elle avait. J'me posais plein d'questions auxquelles j'avais pas les réponses, mais pour l'moment j'devais me concentrer sur lui, et lui seulement.

-J'suis là mon fils, j'suis là. Répétais-je. On va aller la voir après Maman ok ?

Son corps était tellement rempli de soubresauts qu'il ne m'répondait même pas. Toujours en l'gardant près de moi je reculais légèrement observant les dégâts. Dans son malheur, il a eut de la chance, il a simplement eu de grosses égratignures. Ça va faire mal un petit moment, mais ça passera.

-De la crème réparatrice à appliquer matin et soir pendant cinq jours, du doliprane à donner s'il a des maux de tête et..

J'me retourne quand j'vois un mec en blouse blanche débarquer dans la chambre, suivi de près par Andrea à moitié défigurée par son maquillage qui a coulé. Les deux se tournent vers moi —certainement surpris de me voir ici— on se fixe un instant avant que c'que j'suppose être le médecin s'adresse à moi.

-Bonjour. Se coupe-t-il dans sa phrase. Vous êtes ?

-J'suis son père. Lui dis-je d'un coup de tête vers Taïm.

Il hoche la tête en se rapprochant légèrement de moi.

-Votre femme a eu un très bon réflexe. Me dit-il. Elle lui a clairement sauvé la vie, il s'en sort avec de grosses égratignures, mais comme je l'expliquais à votre amie il n'aura aucunes séquelles.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant