20. Je suis désolée..

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POINT DE VUE OMNISCIENT

Septembre 2010

-Hakim faut qu'tu t'réveilles, tu fous quoi frère ? J't'ai connu plus solide que ça hein.. Souffle le frère du kabyle.

Son esprit se reconnectant à la réalité, le plus grand des frères se rend vite compte qu'il ne peut pas bouger. Tout comme il ne peut pas parler ou faire le moindre geste, pourtant et au vu de la situation ce n'est pas l'envie qui lui en manque. Celui avec la blouse blanche se souvient très bien des évènements passés, l'accident de la pelleteuse, le fait qu'il soit coincé, puis la chute. Tout est très clair dans sa tête, il est d'ailleurs même au courant qu'il a été plongé dans le coma, du moins ce que les médecins appellent "coma léger". Mais ça ne change pas grand chose pour lui puisqu'il ne peut rien faire, et ça le dérange fortement, même faire un petit signe pour son frère et celle qui surnomme "la blondasse". Pour le moment, c'est certainement ceux qui le vivent le plus mal, son frère cadet : celui qui partage le même sang, la blondasse : aucuns liens du sang ne les lient, mais même s'il ne l'avouera jamais Hakim tient à elle malgré tout.

-J'vais à la cafète. Lance Idriss. Tu veux quelque chose ? Demande-t-il à l'intention d'Ella.

Elle secoue la tête de gauche à droite, le regard dans le vide. Malgré les propos qu'Hakim avait pu avoir envers elle, elle se sentait mal de le voir dans cet état, horriblement mal même. Depuis qu'elle avait quitté le garage en catastrophe elle n'y était pas retournée, ou simplement pour donner des nouvelles à Yllias et lui rendre la voiture d'occasion qu'elle avait empruntée, utilisant celle d'Hakim par l'accord d'Idriss. Elle avait tout bonnement mis le reste sur pause, elle passait tout son temps à l'hôpital avec le cadet des frères, n'allait plus travailler, elle rentrait chez elle seulement pour se changer et prendre une douche. Les cernes sous yeux pouvaient en témoigner par elles-mêmes, elle dormait peu, il faut dire que le canapé de la cafétéria n'est pas le plus confortable, et l'épaule d'Idriss encore moins.

-Nan ça va, c'est gentil.. Répond-t-elle avec difficultés.

Idriss, debout face à elle, l'observe tout en soufflant assez bruyamment, chercher à débattre avec la blonde était peine perdue, surtout dans l'état qu'elle était. Il s'avançait avant d'ouvrir la porte de la chambre prêt à la quitter pour aller acheter à manger. Finalement il fit deux pas en arrière avant de fixer attentivement son amie qui avait reportée son regard sur le corps inerte de son frère.

-J'sais qu'tu vas râler, mais va falloir qu'tu manges Ella. Lui dit-il. Même s'il l'avouera jamais crois pas qu'ça lui fait plaisir, il aurait pu parler il t'aurait déjà hagar ma reuss.

Idriss n'attend aucunes réponses de la part d'Ella et quitte la chambre en refermant la porte. La blonde n'eut aucunes réactions, elle connaissait déjà l'avis de son ami sur le sujet et ils n'étaient pas d'accord, et ce n'était sans doutes pas le moment d'entrer en conflit avec lui vu la situation. Hakim lui était le simple spectateur de tout ça, sans ne rien pouvoir faire et il s'en voulait. Son petit frère avait raison, elle devait se nourrir et ça peu importe la situation, la santé était quelque chose de bien trop importante et il était le premier à pouvoir en témoigner. Ce qu'il c'était passé il y a quelques jours était trop grave pour qu'il la laisse se tuer à petit feu, mais malheureusement il ne pouvait rien faire. Et s'il avait pu il l'aurait effectivement hagar, comme l'a dit son frère quelques instants avant. Hakim se sentait quelque peu coupable vis à vis d'Ella, si elle se m'était dans cet état c'était pour lui. Et ce n'est pas ce qu'il voulait pour elle, d'autant plus qu'il avait eu un mauvais comportement avec elle il y a quelques semaines. Selon lui cela aurait été logique qu'elle ne vienne pas le voir, ou pire qu'elle s'en moque complètement. D'un autre côté ça lui faisait plaisir qu'elle soit là, en plus de ne pas s'en foutre comme il l'imaginait, elle était présente pour son frère, et ça, ça n'avait pas de prix pour l'homme sombre. Mais malgré ce qu'il pouvait en penser, la blonde l'appréciait et c'était attaché à lui. Même si, elle non plus ne lui dirait probablement jamais tout ça, elle le pensait fortement.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant