FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRA

104. La sortie, on la connaît.

HAKIM AKROUR

22 Juin 2016

Si Taïm n'était pas là, j'ferais pas c'que je m'apprête à faire. J'ai beau aimer la blonde qui s'trouve sur ma gauche, si Taïm n'avait pas été là, j'serais jamais venu chez ses darons. J'aurais pas accepté sa proposition, mais si Taïm n'avait pas été là, y a beaucoup d'choses qui s'raient différentes à l'heure d'aujourd'hui. Parce que si j'me trouve devant la porte de chez ses darons actuellement c'est entièrement grâce à Ella, et à Taïm en partie. J'acceptais pas la vérité en face jusqu'à présent, mais plus l'temps passe et plus j'me rends compte d'la chance que j'ai d'avoir une go exceptionnelle à mes côtés. Si mes potes pouvaient lire dans mes pensées ils s'taperaient tous ma gueule en disant que j'suis un gros canard. Peut-être, mais clairement j'm'en bats les couilles.

Parce qu'à par mon reuf ils peuvent pas comprendre combien c'est compliqué d'me comprendre. Et pourtant elle aurait mille et une raison de se barrer, mais nan. Elle est toujours là, elle m'a pas lâché, pourtant Dieu seul sait que c'était pas gagné au départ. Et c'qui c'est passé tout à l'heure, c'est la preuve même que c'est elle, et pas une autre. Parce qu'elle a su comprendre dans mon silence que j'avais besoin de l'entendre. Elle sent dans mon isolement que j'ai besoin de ses bras. Elle a vu dans mon regard vide que j'avais besoin de sa présence. Et tout ça y a qu'elle qui peut le comprendre, pas une autre. Ça s'ra jamais une autre de toute manière. Parce que quand j'suis auprès d'elle, et auprès de Taïm aussi, j'sais que j'suis capable de tout surmonter, ils me donnent le sourire et juste ça, ça fait ma force. J'ai besoin de rien d'autre, juste eux auprès d'oim.

-Tu peux frapper à la porte mon chat, vas-y ! Dit-elle à Taïm qui n'perd pas une seule seconde à frapper à la porte.

Et les quelques secondes qui s'passent avant qu'sa daronne vienne ouvrir la porte, elles passent vite, beaucoup trop vite.

-Mimi Lo' ! S'écrit Taïm en lui sautant dans les bras.

Et y a bien un point positif, c'est que Taïm monopolise toute l'attention d'la daronne d'Ella. Ça m'laisse tout juste le temps d'écraser la main d'la blonde en mille morceaux, mais surtout de détailler sa daronne. J'observe chacun de ses gestes, ses lèvres, ses mains, ses bras, j'rate rien. Parce que face à elle —ou plutôt sur elle— y a mon fils. Et j'la laisserais pas faire un faux pas, parce qu'elle a clairement pas l'droit à l'erreur, elle est pas prête pour c'qu'il va lui arriver autrement. Taïm fini par disparaître à l'intérieur de l'appartement, et les yeux vert d'sa daronne se posent dans un premier temps sur la blonde à mes côtés. Puis sur nos mains liées, et finalement sur moi. Qu'elle observe bien, parce que l'erreur, que ça soit avec Taïm ou avec Ella, j'la raterais pas.

-Entrez allez-y. Nous sourit-elle.

Qu'elle le garde son sourire d'merde, si elle croit que j'vais lui rendre elle peut s'toucher. Depuis la dernière fois qu'j'ai foutu les iep dans cet appart' y a certains que-tru qui ont changé, mais c'est pas parce que leur appart' est cool qu'ils le sont aussi.

-Maman, j'te présente Hakim. Lance Ella avant de poser son regard sur moi.

J'la regarde pas, mais j'sais très bien qu'son regard est sur oim, c'est pas bien compliqué, faut juste le sentir pour l'savoir.

-Mon copain. Ajoute-t-elle.

Et cette fois-ci c'est à moi d'tourner la tête vers elle. J'avoue que j'm'y attendais pas, mais faut pas que je sois surpris, j'prendrais trop mal d'me prendre une réflexion d'sa daronne. Et apparemment ça à l'air de fonctionner puisqu'elle nous invite à v'nir dans l'salon, j'sens que cette "visite" va être longue, très longue. Quand j'rentre dans l'salon, c'est sur l'daron qu'on tombe, en train de sourire de toutes ses dents —refaites au passage— à Taïm qui a l'air heureux d'le voir. Ce dernier se lève quand il nous aperçoit, il vient claquer la bise à Ella avant que son regard se pose sur moi. C'est pas l'même regard qu'sa go, il est un peu plus dur, mais il en faudrait plus, bien plus pour que j'baisse les yeux. Car c'est certainement pas d'vant eux que j'vais l'faire.