13. La vie c'est une pute, t'es bête si tu crois qu'elle t'aime..

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Merci à _Inesthetic_ pour m'avoir aidé sur ce chapitre !!

ELLA LOMBARD

Août 2010

Allongée en étoile de mer sur mon lit, je serrai contre moi la peluche que Zam' prenait toujours pour dormir. Sûrement pour se sentir un peu plus en sécurité. Je souriais doucement en pensant à lui, j'suis sûre qu'il ne pensait même pas à moi. Je regrette amèrement de ne pas l'avoir près de moi pour pouvoir me réconforter Zam' a la fâcheuse habitude de se donner en spectacle pour me redonner le sourire dès qu'il sent que mon moral est proche de zéro. Je ne sais pas vraiment pourquoi je pleure, j'pleurais même pas à cause de Mohamed, car il n'avait pas totalement tord c'était pas chez moi ici, je n'avais d'ailleurs jamais été à ma place. Mes grands-parents ont toujours tout fait pour que je ne ressente aucuns manques, mais je ne peux m'empêcher de me sentir comme un fardeau pour eux. J'pleurais pas pour toutes les raisons du monde qu'il pouvait bien s'imaginer, parce qu'il ne connaissait pas un tier de ce que j'avais pu vivre dans le passé. J'pleurais parce que même après toutes ces années ils continuaient de me pourrir la vie, par le billet des vieux amas de souvenirs qu'il peut me rester d'eux.

Je sursaute légèrement en entendant plusieurs coups provenant de la porte de ma chambre, j'hésite quelques secondes avant de me lever pour aller ouvrir. Je n'avais aucunes envies de parler à qui que se soit, mais tous les autres étaient probablement encore dans le salon. Alors je ne pouvais pas me permettre de faire la morte, après tout c'était "chez moi". Je retournais m'allongeais sur le lit ignorant complètement la personne qui se trouvait désormais à quelques petits mètres de moi. J'arrive facilement à savoir qu'il s'agit de grincheux au vu du silence glacial dans lequel il venait de plonger la pièce.

-Vous avez rien compris hein ? Lui demandais-je avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Il ne répondit rien, je ne m'attendais à aucune réponse spécifique de sa part. Ce n'est peut-être pas plus mal d'un côté, je crois qu'il ne se rend pas compte de l'impact de ses mots sur les autres. J'essuyais d'un revers de manches les nombreuses larmes qui dévalaient de mes joues, gardant toujours près de moi la peluche de Zam'.

-Id' l'a dégagé. Me dit-il simplement.

Mes sourcils se froncent un court instant, le temps que ses mots parviennent à mon esprit. Sans grande conviction je secouais lentement la tête de haut en bas. Je me permets de lui jeter un léger coup d'œil, sa tête est légèrement baissée et la visière de sa casquette ne m'aide en rien à discerner son visage. Les manches de son gros pull sont retroussées de la même manière que lorsqu'il est au chantier et sans que je m'y attende, son regard dur se pose sur moi, de la même manière qu'un père regarderait sa fille après l'avoir surpris à faire une bêtise, me faisant regarder droit devant moi, la mâchoire serrée. Je ne sais pas si l'avoir viré changerait grand chose à la situation, parce que Mohamed savait très bien ce qu'il disait et savait autant que moi que le problème ne venait ni de lui, ni de moi. Mais j'peux pas m'empêcher de mal prendre le fait qu'ils puissent penser qu'une remarque de ce genre, même si elle était extrêmement déplacée, puisse me faire chouiner comme une enfant de quatre ans qui n'a pas eu son jouet.

-J'aurais pas dû réagir comme ça. Soufflais-je finalement, comme si j'avais retenu tout l'air de la pièce dans mes poumons. C'était nul.

-C'qui est nul, c'est qu'ils t'ont forcé à jouer alors qu't'en avais pas envie. Et c'qui m'surprends venant d'toi c'est que t'as pas cherché plus loin pour décliner, alors qu'dans l'fond tu savais comment ça finirait.

Je me mords l'intérieur de la joue, tic stupide que j'ai quand je sens que la situation m'échappe et que le stress prend un peu trop possession de mon corps. Je cherchais la faille dans ce qu'il venait de dire, qui pourrait me permettre de le contredire. Et même si j'essayais de me convaincre moi-même, je savais qu'il avait raison. Le regard dans le vide, je soufflais bruyamment avant de me rallonger sur le lit.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant